Valérie BENAÏM
Elle n’est pas que celle que vous croyez !
Femme accomplie aux multiples casquettes, visage représentatif de « Touche Pas à Mon Poste ! » mais pas que… journaliste, auteure à succès, animatrice et productrice exécutive de son émission littéraire « Droits d’auteurs » et désormais véritable enquêtrice ! Rencontre lors de son passage à la FNAC Rochefort en Juin dernier pour une séance dédicaces avec ses lecteurs Charentais-Maritimes.
Votre dernier livre s’intitule « Il n’est pas celui que vous croyez : ces femmes amoureuses de tueurs en série » aux Éditions Fayard. Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire sur ces femmes, une enquête qui vous aura pris 2 ans ?
V.B : Je travaille à la maison pour préparer l’émission TPMP. Mon bureau, c’est la table du salon et j’ai toujours réminiscence de mes années de rédaction, la télévision allumée sur les chaînes infos. J’étais en train de préparer l’émission et j’entends un de mes confrères à la TV, parler de l’affaire Nordahl Lelandais et l’irruption d’une femme en marge de la grande affaire qui aurait été arrêtée car elle aurait passé de l’alcool et de la drogue en prison. Je m’interroge, est-ce que cette femme connaissait Nordahl Lelandais avant qu’il ne soit celui que la presse a décrit comme le meurtrier de la petite Maëlys et du Caporal Arthur Noyer ? Où est-ce qu’elle ne le connaissait pas ? C’est un réel phénomène qui porte un nom : l’hybristophilie. Je fais de nombreuses recherches et au bout d’un moment je me dis que c’est vraiment intriguant… J’aimerais comprendre. Je prends rendez-vous avec une amie éditrice, Isabelle Saporta. Je lui raconte tout et elle me dit : « tu tiens un sujet mais il y a du boulot… » Et ça commence comme ça…
Comment avez-vous réussi à convaincre ces femmes de parler, elles qui souhaitent habituellement rester anonymes ?
V.B : Ça n’a pas été simple, la plupart d’entre elles ne le cachent pas mais elles ne le portent pas comme un étendard non plus… Mon discours était le suivant : on parle souvent de vous, en votre nom, on ne vous comprend pas, je ne dis pas que je vais vous comprendre, je dis simplement que je vais essayer. Cette fois-ci la parole sera la vôtre et pas celle de quelqu’un en votre nom.
Avez-vous à un moment de votre enquête ressenti de la compassion envers ces femmes et leurs histoires ?
V.B : J’ai forcément ressenti de la compassion pour elles, même si mon but en tant que journaliste n’est d’avoir ni trop d’empathie, ni d’être dans le jugement. Je devais trouver ma juste place, celle de l’enquêtrice/journaliste qui est là pour poser des questions et apporter des réponses, des témoignages. Et puis, chacun jugera.
À qui s’adresse votre livre et quels messages ou leçons espérez-vous transmettre à vos lecteurs ?
V.B : Ce livre s’adresse à tous ceux qui ont une curiosité intellectuelle, qui ont envie de comprendre ce qu’il se passe chez ces femmes qu’on juge et qui veulent savoir aussi ce qu’il se passe derrière les portes de la prison. Le prisonnier, derrière les barreaux, ce n’est pas une fin, c’est un début d’autre chose. Cette autre chose, il faut la construire.
En regardant en arrière, de quoi êtes-vous la plus fière dans votre parcours professionnel ?
V.B : Je suis assez fière de la longévité… Ce dernier livre est très important pour moi. Peut-être que des gens ne me connaissent que par TPMP (Touche pas à mon Poste !). Ca permet de montrer une autre facette de moi. J’aime bien dire qu’on est kaléidoscope et que je suis totalement TPMP, mais pas que non plus… J’aime qu’on découvre que je suis aussi journaliste. C’est un métier qui est très difficile, le plus dur c’est de durer… J’ai actuellement 55 ans ; j’ai commencé, j’avais un peu plus de 20 ans et je suis encore là, donc pourvu que ça dure. (rires)