THE INSPECTOR CLUZO
Une campagne savamment orchestré
The Inspector Cluzo est un véritable ovni du Rock Blues Français qui tourne à travers le monde entier tout en étant agriculteurs et paysansdans la ferme “Lou Casse” à côté de Mont-de-Marsan dans Les Landes de Gascogne et fervent défenseur de l’agro écologie.
De passage chez Diff’Art à Parthenay, le duo rock rappelle que sa vie, entre scènes et élevage, est une campagne savamment orchestrée.
Vous revenez d’une tournée australienne et américaine comment avez-vous vécu ces deux tournées ?
Depuis la création du groupe, en 2008, il a toujours été important de voyager. Aller ailleurs où c’est différent. Pour comprendre que les choses sont juste différentes en apparence…C’est la force des voyages. Les voyages forment la jeunesse, et c’est vrai. Le repli sur soi post covid, le confinement n’ont rien eu de bon. Les liens entre peuples se sont distendus. On est allé au Japon juste après la levée du confinement, l’Australie pareil …et les USA…pareil…Pour nous, croiser le regard des autres est essentiel. On a donc été très contents de revoir plein d’amis aux USA, en Australie, au Japon ou en Europe et d’écouter comment ils avaient perçu le covid.
Qu’est-ce qui vous a surpris le plus lors de ce périple sur ces deux continents ?
Le repli sur soi comme en France et la montée d’Idéologies nationalistes partout. Et de « croyances » locales et on ne parle pas de religions là …Sans contradictions, le monde entier s’abêtit …
Que représentent les USA pour vous en tant qu’artistes ?
Le berceau de LA musique : blues, jazz, rhythm and blues, soul, rock n roll…
Vous êtes très souvent sur les routes et donnez énormément de concerts. Est-ce que vous appréciez la vie de tournée ?
On apprécie sortir de notre zone de confort pour pouvoir se remettre en question et donc voyager nous intéresse. Pour ce qui est de la tournée c’est 80 % de voyage pour 20 % de concerts, mais cette attente est celle qui fait que vous jouez bien ou pas …J’ai donc l’impression que la musique électronique est comme une bulle, dans cette période postpandémie où les gens veulent danser davantage.
Lorsque vous jouez à l’étranger, en profitez-vous pour échanger sur des savoirs agricoles avec les locaux et sur la vie en général ?
Oui et tout ce qui est sur les initiatives de post-croissance soit économie locale, circuits courts, économies sociales et solidaires, richesses environnementales,… Tous ces aspects qui définissent la post-croissance.
Vous avez donné quatre concerts à la Maroquinerie à Paris en février dernier, une partie en électrique et l’autre acoustique. Quels souvenirs gardez-vous de ces shows ?
On ne voulait pas faire un Olympia, car ça revient au même de faire 4 Maroquineries. Mais on voulait appliquer nos principes de post-croissance à nous même…si on a la solution de faire plus petit, de moins polluer, de moins faire payer les gens (c’était du coup 40 euros moins cher pour le public)… Et on a pu inviter le Pr. Marc Dufumier, pionnier d’agro écologie mondiale, pour une conférence chaque soir pour le public. On essaie d’être cohérents, on a refusé de signer avec des multinationales, pas parce qu’on est contre, car être contre c’est pas un projet, mais parce qu’on pense qu’avec le changement climatique on doit inventer de nouveaux modèles économiques alternatifs et la musique n’y fait pas exception…Comme l’agriculture, on doit réduire la voilure , innover , créer , tout en essayant de faire plaisir à tous.
Vous alternez les concerts électriques et acoustiques, qu’est ce qui motive ce choix ?
C’est du blues ce qu’on fait, ça peut être joué seul et calme ou fort et énervé, comme Neil Young. Ce n’est pas possible avec tous les styles de musique, mais en blues c’est juste naturel, à la ferme on joue dehors sur le perron en acoustique…et on compose à la guitare acoustique…
Qu’essayez-vous de transmettre lorsque vous êtes sur scène ?
Ce groupe est une boule de puissance sur scène, c’est ce qu’on travaille à deux depuis 30 ans désormais ; il n’y a pas de tracks ou bandes pré-enregistrées comme c’est malheureusement le cas de beaucoup de concerts, c’est tout live. Donc ça se travaille ! Et comme disait Mile Davis, “le son c’est le travail d’une vie”, on cherche le son, le fameux « tone » comme disent les ricains…On avance, on progresse et ce sera ainsi jusqu’à ce qu’on disparaisse. Avec les années, on est arrivés à gérer notre puissance, un peu comme un boxeur qui ne va pas à la bagarre et qui gère ses coups…il n’y a rien de plus dur en musique que de jouer ultra fort et être précis.
Est-ce que c’est un défi de travailler dans une ferme et d’être dans un groupe de rock ? Comment arrivez-vous à gérer ces deux passions ?
C’est très naturel car c’est un projet post-croissant…La ferme nous nourrit au sens propre et figuré ; on se fait à manger et on fait à manger aux autres. La musique, c’est l’épanouissement vers les autres…Et les voyages, la terre c’est l’ancrage et ce qui nous fait sentir des êtres humains…Rien de plus concret quand vous êtes les mains dans la terre ou au milieu d’animaux. C’est viscéral.
On conseille à tout le monde de faire ça …un métier cérébral et un manuel …personne n’a dit qu’un maçon ne pouvait pas être philosophe et un philosophe être maçon ! De plus, avec le changement climatique, nos modes de vies vont changer petit à petit, qu’on le veuille ou non, il vaut mieux commencer maintenant…à s’adapter à la cool !
CRÉDITS :
Interview @PascalBeaumont
Photos : DR
“Horizon – album toujours disponible (Virgin Music)