Takeshi Shibasaki et Nozomi Horie

Takeshi Shibasaki et Nozomi Horie

Fondateur de la compagnie Sivouplait, Takeshi Shibasaki et Nozomi Horie constituent un duo unique en son genre. Les deux clowns sont revenus à Niort faire leur cirque plus de 10 ans après, avec la préparation d’un nouveau spectacle en tête.

Qui êtes-vous ? Comment avez-vous découvert le mime ?

Nozomi :  Nous avons commencé en 2007 lors de notre spectacle intitulé “Silences amusants d’un couple en blanc”. Puis, nous avons réalisé plusieurs autres numéros. Pour le mime, c’était le moyen le plus facile pour nous de communiquer avec n’importe quel public.

Takeshi : La première fois que nous avons vu un spectacle de mime, en 1996 à Tokyo, c’était une surprise. Nous nous sommes simplement dit que c’était cool et que c’était ce que nous voulions faire.

Jamais vous n’avez pensé à inclure des dialogues dans votre spectacle ?

Nozomi : Dans notre spectacle, il y a des numéros avec du dialogue mais c’est plus pour le Japon que pour nos spectacles en Europe.

Vous avez été inspiré par l’illustrateur français Tomi Ungerer, notamment par son musée que vous aviez déjà visité. Comment avez-vous découvert son travail et en quoi a-t-il inspiré le vôtre ?

Nozomi : Quand j’étais jeune, j’adorais son travail. C’était un peu pour les enfants mais en même temps il y avait de l’humour noir. Il était très connu au Japon, notamment avec son livre les “Trois brigands” qui est assez populaire. Mais quand nous avons visité le musée c’était différent, plus adulte. Sa vie était compliquée. Il a trouvé beaucoup de choses pour créer son travail. Ce dernier nous a inspiré dans la réalisation de notre spectacle.

“Il y avait un prix du public, que nous avons gagné, ça nous a apporté beaucoup de visibilité avec plusieurs professionnels de la scène”

Vous êtes-vous dit que vous pourriez intégrer des images de ses œuvres ou d’autres artistes dans votre spectacle ?

Takeshi : Nous aimons beaucoup les films de Yasujiro Ozu. Notre spectacle « Silences amusant d’un couple en blanc » s’en est beaucoup aspiré.

Nozomi : Dans les œuvres d’Ozu ou de Aki Kaurismäki, il y a beaucoup de passages muets qui nous ont grandement inspiré. Toutefois, nous n’avons jamais incorporé d’œuvres d’autres artistes mais on aimerait bien le faire dans un prochain spectacle.

Vous tournez énormément en Europe. Quel est le rapport du Japon au cirque ?

Takeshi : Avant le Covid, nous tournions au Japon.

Nozomi : Il y a de plus en plus de spectacles de ce style au Japon.

Nozomi : C’est très calme au Japon, mais en même temps c’est plus facile pour nous de communiquer

Takeshi : Nous n’avons pas d’agent au Japon. Nous faisons tout par nous-mêmes. En Europe, c’est différent.

Avez-vous un collaborateur en Europe ?

Nozomi : Nous avons un chargé de diffusion en France. Nous avons collaboré avec une association française, mais c’est difficile d’en trouver. Au tout début, en 2008, nous sommes allés à Périgueux pour le festival international des arts du mimes et du gestuel (Mimos).

Takeshi : Il y avait un prix du public que nous avons gagné. Cela nous a apporté beaucoup de visibilité avec plusieurs professionnels de la scène. Nous avons joué dans énormément de festivals en France. Nous avons également gagné un prix du spectacle. Puis, nous avons participé à plein d’autres événements en France par la suite : le festival du rire, Chalon dans la rue (Festival Transnational des Artistes de la Rue). Ça nous a surpris, mais oui il y a beaucoup de festivals, de professionnels et surtout de spectacles.

Nozomi :  La France, c’est le pays des spectacles.

Rencontrez-vous un aussi grand succès dans d’autres pays ?

Nozomi : Celui où nous en avons le plus reste la France. Nous sommes aussi très appréciés en Italie, en Belgique, en Suisse et en Espagne. Nous le sommes également dans plusieurs autres pays d’Asie. Au mois d’août, nous irons au Québec.

Depuis combien de temps jouez-vous ce spectacle ? L’avez-vous amélioré ?

Takeshi : Nous jouons ce spectacle depuis 2007.  Nous essayons d’improviser de temps à autre.

Y’a-t-il des choses qui fonctionnent en France mais pas sur le public espagnol ou italien. Adaptez-vous votre show au public ?

Takeshi : Nous faisons toujours le même spectacle. Parfois, ça ne prend pas trop, comme aux Pays-Bas. C’était très difficile là-bas.

Nozomi :  Nous avons dû attendre des réactions. Elles étaient un peu plus longues.

Takeshi : En France, en Italie et en Espagne, les gens sont très concentrés et réceptifs au spectacle.

Nozomi : Le public du sud est très excité pour voir un spectacle.

Takeshi : A peine arrivés sur scène, ça criait : « ouaaaaais! ». La première fois, cela nous a surpris.

Nozomi : On a besoin de plus de calme.

Quel est, selon vous, le meilleur public ?

Nozomi : Le public français sans aucun doute.

Travaillez-vous sur un nouveau spectacle ?

Nozomi : Oui, ici à Niort. C’est une histoire à part entière sans lien sauf le mime.

Takeshi : Le sentiment évoqué sera différent, l’histoire et les costumes également. C’est plutôt une nouvelle création unique.

Avez-vous cette approche de la promotion sur les réseaux sociaux ?

Takeshi : Avant ce n’était pas comme ça. Cela se passait par téléphone et par e-mail. Les jeunes n’utilisent pas Facebook par exemple.

Nozomi : Nous essayons toutes les possibilités, sur Instagram et Facebook notamment. Nous aimerions bien essayer TikTok. Nous allons y songer quand nous rentrerons au Japon.

Quand vous tournez, êtes-vous toujours tous les deux ?

Takeshi : Nous sommes toujours à deux pour chaque spectacle. Et parfois avec un technicien.

Nozomi : Cela arrive que nous ne soyons pas seuls.

Avez-vous déjà pensé à vivre en France ?

Takeshi : Une fois, nous avons habité en France durant six mois. C’était dur pour moi. Le japon me manquait trop donc non je n’y ai pas pensé plus que ça !

Crédits  :

Le Très Grand Conseil Mondial des Clowns : 16 – 17 et 18 juin 2023.

clownsmatapest

Interview @charles.provost   

Retranscription Damien Carboni

Crédit photo @realkafkatamura