Rim’K
Le tonton du rap
Alors que résonne encore dans toutes les mémoires le refrain de Tonton du Bled, sorti il y a 23 ans, nous avons rencontré Rim’K, le leader du groupe 113, pour faire le point sur sa carrière, à l’occasion de son passage au festival niortais En Vie Urbaine.
Lorsque le grand public découvre le 113, nous sommes à la fin des années 90. Et les 3 jeunes de la banlieue de Vitry-Sur-Seine qui débarquent en Peugeot 504 sur la scène des Victoires de la Musique font alors grand bruit dans le paysage du rap français. Ce soir-là, ils raflent le prix de la révélation de l’année. Depuis lors, la place du rap dans le paysage musical français n’a jamais cessé de prendre de l’ampleur, et Rim’K, lui, ne s’est jamais arrêté de rapper.
Pourtant, en 25 ans, la musique rap a bien changé. Ce qui est loin de dérouter Rim’K, qui aime à se réinventer sans cesse, au fil du temps et des tendances. « Je n’ai jamais l’impression de faire la même chose, ni de faire un effort pour suivre le mouvement. J’aime le rap, il s’actualise, et moi je m’actualise avec le rap. ». Malgré les constantes évolutions de la musique urbaine, Rim’K se laisse guider par sa passion pour travailler, sans relâche, et avancer, en gardant son identité propre : « Je n’ai pas rejeté l’évolution, je l’ai avalée. Je l’ai prise, et je l’ai fait à ma façon. Je l’ai assimilée, et j’ai travaillé pour pouvoir les assimiler sans dénaturer ma musique et mon message. »
« Rim’K c’est comme Walt Disney : c’est pour tout le monde, de 7 à 77 ans. »
Rim’K
C’est cet état d’esprit et cet amour de la musique qui lui a permis de devenir la référence qu’il est aujourd’hui. D’ailleurs, les meilleurs rappeurs du moment ne s’y trompent pas et n’hésitent pas à le solliciter pour collaborer sur des morceaux en commun.
« J’ai été invité sur les albums d’artistes comme SCH, PLK ou encore Soolking… Et ça me fait très plaisir. Les artistes de ma génération, on est les premiers anciens du rap, et il y en aura d’autres après nous. Il n’y a pas vraiment de concurrence. En fait, c’est une grande famille. ». De par ces collaborations, le public de Rim’K est aussi divers que varié, et représente toutes les tranches d’âge : « J’aime à dire que je suis comme Walt Disney, pour tout le monde, de 7 à 77 ans ! »
Malgré tout lucide sur les variations de fond apportées par les jeunes générations, il ne les condamne pas pour autant : « A mes débuts, il y avait plus d’engagement dans les textes. On se cassait beaucoup plus la tête qu’aujourd’hui. Après, chacun vit avec son époque. Avant le rap, il y avait de super auteurs, des Brassens, des Brel, on n’a jamais su écrire comme eux. Nous on est arrivés et on a fait notre truc, maintenant c’est leur tour. »
Et quand il s’agit d’évoquer le positionnement marketing très affirmé des jeunes générations de rappeurs, là-encore, Rim’K porte un regard bienveillant sur le phénomène : « Avant, on pouvait vivre de la musique en vendant des disques, aujourd’hui il faut faire beaucoup plus. Il n’y a plus le CD, les rentrées d’argent ne sont plus les mêmes, il faut en faire plus, ça fait partie du jeu. »
« Dans le rap, il n’y a pas vraiment de concurrence. En fait, c’est une grande famille.»
Rim’K
Et en faire plus, c’est déjà le credo de Rim’K.
Producteur à la tête d’un label de musique, et conscient qu’il a une expérience et une expertise à partager, il participe au développement artistique de jeunes talents.
Mais au-delà de la fibre artistique, Rim’K a également la fibre altruiste. Engagé dans l’associatif au sein de sa ville de Vitry-Sur Seine, il travaille sur des actions sociales visant à faire évoluer les quartiers dans lesquels il a grandi : « J’ai envie d’être au cœur des gens. Nous on vient des quartiers, on vient des grandes ZUP, et on a réussi à s’en sortir. Aujourd’hui, notre objectif, c’est d’aider d’autres personnes à le faire. »
Justement, lorsqu’on l’interroge sur les conseils qu’il donnerait aux jeunes artistes qui rêvent de faire carrière dans le rap, Rim’K leur recommande de miser sur l’authenticité : « Il n’y a pas deux êtres humains pareils sur Terre. Donc forcément, en étant sincère, en utilisant ta sensibilité à toi, ta façon d’écrire, tu vas créer quelque chose d’unique. Soyez vous-mêmes. N’essayez pas de ressembler à quelqu’un d’autre, vous ne serez que le 2e, ou le 3ème… Essayez d’être le premier. »
Aujourd’hui, Rim’K est un artiste aussi accompli qu’épanoui : « Dans ma carrière, je pense que j’en ai fait plus que ce que je voulais en faire. »
Quant à un éventuel retour du 113, il ne ferme pas la porte : « On n’a jamais annoncé la fin du 113. On a juste eu des envies différentes à des moments donnés. Mais on est tous en bons termes alors pourquoi pas… Et on ne se l’interdit pas. »
En-tout-cas une chose est sûre, il n’est pas près de quitter le devant de la scène, et c’est tant mieux.
CRÉDITS :
Interview : @Mélanie Beguier
Crédit photo : @lambert.davis
Rencontre : Envie Urbaine