Reynold Guenyveau « Monsieur le curé fait sa crise » à Niort

Reynold Guenyveau
« Monsieur le curé fait sa crise » à Niort

L’église Saint-Etienne de Niort a accueilli le 10 mai dernier le comédien Reynold De Guenyveau qui interprète quinze personnages dans « le curé fait sa crise ». Adapté du roman de Jean Mercier, ce « seul sur scène » relate avec humour le quotidien difficile des curés qui peuvent subir, eux aussi, des burn-out. Rencontre avec ce comédien de talent.

Vers vos 26 ans, vous avez décidé de vous diriger vers le métier de comédien, après avoir fait une école de commerce. Pourquoi ce choix ?

Reynold de Guenyveau : C’était quand même quelque chose qui vivait en moi depuis un bout de temps. Je n’avais aucune expérience mais je sentais que j’aimais faire de la scène. Puis en commençant à travailler j’ai senti que je tournais en rond, il me fallait quelque chose à me mettre sous la main. Un an après je suis allé, sur un coup de tête, devant le Cours Florent de Paris pour demander des informations.  Puis j’ai fini par m’inscrire.

Vous jouez dans Mr le Curé fait sa crise cette année. La pièce est une adaptation du roman. Connaissiez-vous le roman avant de jouer la pièce ?

RdG: J’ai lu le roman en 2016 absolument par hasard. La pièce ensuite c’était via un casting préparé par la production. J’y suis allé en connaissant le roman mais je ne suis pas un immense lecteur. J’avais néanmoins eu un petit coup de cœur car c’est un livre facile à lire et moderne !

Comment votre casting s’est-il passé ?

RdG : Alors, c’était un casting très spécial. On m’a annoncé que le casting durerait 45 minutes, en deux tours, qu’il fallait connaitre le texte par cœur et maitriser les improvisations. Mais moi je n’avais pas eu le temps d’apprendre le texte, j’avais juste travaillé les intentions.

Est-ce que vous avez eu des réserves à l’idée de jouer des rôles religieux ?

RdG : Oui, avant de passer le casting je ne voulais pas m’enfermer dans ce thème mais quand j’ai vu que c’était Mehdi Djaadi le metteur en scène j’ai réalisé que le projet avait un caractère très artistique et pas seulement catho.

Que pensez-vous de l’idée d’interpréter une quinzaine de personnages dans un “seul en scène” ? Comment avez-vous appréhendé ce défi ? 
RdG : Artistiquement j’y croyais à fond, le fait qu’il y ait un personnage central et des personnages qui tournent autour c’est exactement ce qu’il faut pour un « seul en scène ». Je savais que ça allait marcher d’autant que le roman avait cartonné. C’est un super challenge pour un comédien de jouer un « seul en scène ».

Comment avez-vous construit les personnages, était-ce une création collective avec le metteur en scène ?

RdG : Oui carrément ! On était trois, donc Mehdi, Elena son assistante et moi. La partie création des personnages c’est vraiment Mehdi qui l’a gérée, c’est lui qui m’a appris à passer d’un personnage à un autre. On a quand même créé quelques personnages ensemble et j’ai adoré, c’est le travail le plus fou que j’ai réalisé artistiquement. 

Quel est le personnage le plus dur à interpréter dans la pièce ?

RdG : Le personnage principal. Parce que c’est le seul des quinze personnages pour lequel Mehdi m’a demandé de ne pas composer. Ce personnage est le seul à ne pas avoir de voix particulière, de corps particulier… Le personnage principal est un vrai mélange du personnage du roman et moi.

De quel œil voyez-vous ce réinvestissement de l’église pour la transformer en salle de spectacle ? 

RdG : Je pense qu’il y a un aspect purement pratique, la production travaille avec des artistes comme Natasha Saint-Pier, qui eux ont l’habitude de chanter dans des églises. Ils ont déjà un réseau qui leur permet de venir travailler dans des églises. Au-delà de ça il y a tout de même un décorum qui aide à l’interprétation et à la mise en scène.

Est-ce qu’il y a aussi  une volonté, à travers cette pièce, de moderniser notre vision de l’univers catholique ?

RdG : Oui c’est vrai qu’il y a aussi l’idée de se dire qu’une église n’est pas qu’un endroit silencieux pour prier mais peut aussi être un lieu de rencontres et de fêtes.

La pièce a-t-elle suscité des réactions hostiles du fait que vous jouiez dans une église, y a-t-il eu une réflexion sur le caractère sacré du lieu ?

RdG : Oui il y a eu des réactions de catholiques extrémistes qui sont venus parfois montrer leur désaccord. Mais le but de cette pièce est de dire ce qu’est le quotidien intense d’un prêtre d’une manière comique. Il y a l’idée de rire mais avec derrière des messages sérieux.

Est-ce que vous pourriez faire un pitch de la pièce, qui donnerait envie aux Niortais de venir voir le spectacle ? 

RdG : En résumant, c’est l’histoire d’un jeune curé d’une paroisse de campagne en plein burn-out. Il n’en peut plus de ses paroissiens et paroissiennes, de son évêque…Tout cela amène à des saynètes assez cocasses et cool.

Qu’espérez-vous que les spectateurs retiendront de cette pièce ?

RdG : Je voudrais surtout qu’on se dise qu’il y a quand même une volonté assez sérieuse de rendre compte aux gens de la réalité de la vie d’un curé. Il y aussi l’idée de rendre plus cool et humaine l’image de l’Eglise.

Est-ce que vous avez des projets après cette pièce ?

RdG : Oui moi j’écris mon deuxième court métrage en ce moment avec Mehdi Djaadi qui m’aide à la réalisation. Puis, j’ai d’autres casting de théâtre et cinéma en cours mais c‘est secret !

CRÉDITS :

Rencontre le 10/05/2023, église Saint Etienne – Niort

@ facebook.com/mrlecurespectacle

Interview : Coline Champéroux

Texte : Pascal bertin

Photos : @lambert.davis