Pierre Goubault
Co-créateur du Republic Corner ( Poitiers )
Artus 𝐚̀ 𝐥’𝐀𝐫𝐞𝐧𝐚 𝐅𝐮𝐭𝐮𝐫𝐨𝐬𝐜𝐨𝐩𝐞 ?!! La faute à qui ?
Le 16 septembre, Artus, Paul Mirabel et quelques autres humoristes fouleront la scène de l’Arena Futuroscope. Au total, 9 artistes qui cumulent plus de 12 millions d’abonnés sur les réseaux sociaux et qui vous font rire tous les jours sur vos smartphones, à la télévision, au cinéma… Pas de panique, c’est déjà complet. Ce plateau magnifique est une création de l’équipe du Republic Corner, espace de restauration de Poitiers qui a récemment créé son comedy club. Pour fêter la 20ème édition du Republic comedy club, quoi de mieux que de faire venir quelques poids lourds de l’humour ? Mais comment cela a-t-il été possible ? Rencontre avec Pierre Goubault, un des entrepreneurs poitevins responsables de ce petit miracle.
Commençons par une question basique. En quelques mots, qui êtes-vous Pierre Goubault ?
Je suis un jeune entrepreneur de 43 ans natif de Poitiers. De moins en moins jeune, malheureusement. J’ai quitté cette ville pour mes études et je suis revenu sur le territoire pour entreprendre. Je me caractérise comme un « slasher ». Il y a encore deux ans, j’étais dans le marketing et aujourd’hui je suis dans la restauration. C’est une décision assumée. Notamment avec le Republic Corner, mais pas que. Finalement, je me caractérise comme un entrepreneur poitevin.
Pourquoi avoir lancé un festival d’humour ? C’est quoi, le départ de l’histoire ?
On a créé le Republic Corner en 2021. Il était composé de centres de restauration et d’un bar dans lequel on faisait des soirées et on organisait des concerts. Début septembre 2023, on a décidé d’ouvrir une nouvelle salle qui se nomme l’« Espace Republic corner ». Dans cette nouvelle salle, mon associé Antoine Chaumont a tout de suite voulu faire des comedy clubs. On s’est entouré de Paul Porcheron, qu’on connaissait de longue date et qui était déjà dans ce business. Antoine et Paul sont allés voir des comedy clubs à Paris. Et on s’est lancé. C’est comme ça qu’est né le Republic Comedy Club. La première date, c’était le 15 septembre 2023. On l’organise un lundi sur deux.
Pourquoi le format comedy club ?
Pour varier les plaisirs, pour diversifier la population qui fréquente le Republic Corner et en faire un endroit populaire. Il y a des gens qui aiment l’humour qui viennent le lundi, ceux qui préfèrent la musique viennent plutôt le jeudi. Ceux qui aiment la techno viennent le vendredi. On varie tous les styles pour avoir une ambiance populaire et un lieu qui plaise au plus grand nombre.
L’humour a une place importante dans votre vie d’homme ou c’est avant tout un moyen de joindre l’utile – le business – à l’agréable ?
Avec Antoine, on s’est retrouvé là-dessus. L’idée vient de lui, mais l’humour a toujours été important dans ma vie. Je faisais moi-même quelques one man shows à la Caverne, un restaurant de Poitiers. Nous avons cette passion commune. Antoine était venu me voir et c’est cette rencontre qui nous a conduit à ouvrir le Republic Corner. L’humour, je l’utilise aussi dans ma vie, même s’il faut le doser. Avec l’essor qu’a pris le stand up en France ces dernières années, ça paraissait aussi une bonne idée. Je ne sais pas si c’est un effet de mode, mais cette vague me plaît bien. Je suis fan de pas mal d’humoristes.
« Le public ne vient pas pour retrouver des sketchs qu’il a vu partout sur youtube ou TikTok. Les artistes vont tous nous faire une œuvre dédiée »
Aujourd’hui, vous organisez une date dans une salle plus grande, l’Arena Futuroscope. Pourquoi ce choix ?
Pour le coup, c’est plutôt mon idée. J’étais il y a quelques mois au spectacle d’Alban Ivanov, et en discutant avec le directeur de cette salle, je finis par lui dire « Ca serait bien de faire un truc ensemble ». Il était très ouvert. Dès le lundi, en rentrant, j’ai dit aux équipes qu’il fallait qu’on fasse un truc à l’Arena. Et là Paul lance « Pourquoi ne ferions-nous pas nos 1 an là-bas ? ». La semaine d’après, on déjeunait avec les équipes de l’Arena et c’était signé. Aujourd’hui, on affiche complet sur cette date.
Parlez-moi un peu du plateau. Quels humoristes et pourquoi eux ? Qui a conçu ce plateau ?
Le plateau a été conçu par Paul Porcheron, notre directeur artistique. C’est la cheville ouvrière de notre comedy club. C’est grâce à lui qu’on parvient à avoir une programmation d’aussi bonne qualité. C’est lui qui gère le comedy club, qui est à l’initiative de tout. Pour cette date à l’Arena, il nous a proposé le line-up. Il nous fallait aussi des têtes d’affiches. Une ? Deux ? On ne savait pas trop. Par contre, on a tout de suite pensé à Mathieu Madénian, qui est le tout premier à être monté sur scène au Republic Corner, pour qu’il soit le parrain de cette date. On lui a confié le rôle d’animateur de la soirée. Pour ce qui est des têtes d’affiche, on a fait des simulations économiques pour voir si c’était tenable ou non pour nous. Une tête d’affiche, ça coûte très cher mais ça génère une économie conséquente. On a pris Artus et Paul Mirabel, deux des personnes qui remplissent le plus les salles en France aujourd’hui. Avec un peu de chance en plus, puisque le film d’Artus cartonne et nous a aussi mis en visibilité. Sur le plateau, on a aussi d’autres humoristes. C’est un casting exceptionnel. Il y a Laurie Peret, qu’on adore, Pierre Thévenoux, le local de l’étape, Eléna Nagapetyan, Fanjo,… C’est pour moi ce qui se fait de mieux en comedy club actuellement. L’idée, c’est aussi que ce line up propose un spectacle exclusif. Le public ne vient pas pour retrouver des sketchs qu’il a vu partout sur youtube ou TikTok. Les artistes vont tous nous faire une œuvre dédiée.
Vous êtes un multi-entrepreneur. Quelle sont les spécificités du secteur de l’humour par rapport à votre autres activités ?
Je vais élargir votre question au secteur de la culture. Pour moi il faut déjà se poser la question « Pourquoi y-a-t-il en France plus de scènes subventionnées que de scènes privées ? ». On a l’habitude que la culture soit subventionnée, et je comprends un petit peu pourquoi. Si on voulait vraiment faire ce qu’on voulait, nous n’aurions pas forcément les moyens économiques de le faire. Les subventions servent à satisfaire une ligne artistique qu’on aimerait assumer. Nous, on est sur de la culture populaire. Une culture qui remplit généralement la jauge de la salle. Une fois qu’on a dit ça, on se doit aussi de dire que l’équilibre économique et le modèle économique du spectacle est très serré. En plus du cachet des artistes, il y a des équipes techniques, des frais d’hôtel pour des équipes de 7-8 personnes parfois, des frais de train, une scène, les redevances, la sécurité, etc.
Comment équilibre-t-on financièrement un spectacle ?
Déjà, si on équilibre un spectacle, nous sommes contents. Nous concernant, nous avons en plus d’autres activités de bar et de restauration qui nous permettent de profiter de cette animation-là. Ceci dit, il est vrai que ça n’est vraiment pas facile de faire des festivals en France. On nous dit parfois que certaines places sont trop chères. L’équilibre est simple à calculer, on prend tous les frais et on divise par le nombre de personnes qu’on souhaite avoir dans la salle. Ce calcul te sort un prix de billet. Ce n’est pas une activité lucrative en soit. Je le fais parce que j’adore la culture, la musique, l’humour. Et aussi parce que ça mixe notre clientèle, ce qui sera bon pour la longévité du lieu.
La date du 16 septembre affiche complet. Vous n’avez pas envisagé une deuxième date à la suite ?
A un moment, il faut savoir s’arrêter. Il faut faire attention à ne pas se brûler les ailes. Le Republic comedy club aura seulement un an à ce moment-là, c’est déjà incroyable d’en être là en si peu de temps. Et si on avait voulu faire une deuxième date, il aurait fallu qu’on s’y prenne très en avance, car la plupart des artistes sont déjà bookés le lendemain du show. En revanche, pourquoi ne pas tenter d’organiser d’autres concepts de soirée – je pense notamment à notre BeauFFestival – à l’Arena avec deux soirs de programmation inédite pour bien rigoler ? Là, ça pourrait être vraiment sympa.
Dernière question : quel est votre humoriste préféré ?
Benjamin Tranié. Il joue très bien, se renouvelle énormément et a une grande subtilité. On est tous le beauf de quelqu’un, et Tranié met parfaitement en évidence nos gentils vices. Sa philosophie me parle. Ne pas se prendre au sérieux tout en étant conscient de ce qu’on est.