Olivier CULMANN
Tendance Floue
A l’occasion des Rencontres de la jeune photographie internationale, le photographe OIivier Culmann, lauréat 1997 de la Villa Médicis hors les murs; lauréat 2003 du prix Scam Roger-Pic, a posé ses valises au lycée Jean Macé pour explorer le thème du “selfie”, des réseaux sociaux et de la question de l’image de soi. Un sujet qu’il avait déjà présenté en 2020 à la Villa Pérochon avec l’exposition “Selfie”.
Quel est le thème sur lequel les élèves ont travaillé ?
Le titre du projet, c’est « Le moi dans tous ses états ». Nous sommes partis sur l’idée du selfie, de la représentation de soi. Cela fait écho à une exposition pour laquelle j’avais été commissaire il y a quatre ans, à la villa Pérochon. C’était une exposition qui se déroulait en 24 chapitres avec des typologies de selfies différentes. Aujourd’hui la pratique du selfie, en termes de production d’images en photographie, est très souvent dénigrée parce que ce sont des images qui ne sont pas forcément très esthétiques. Le selfie est à la photographie, ce que le parler est à l’écrit : c’est un outil de dialogue. Le langage parlé, un peu comme le selfie, n’est pas forcément très construit mais il y a une espèce de spontanéité qui invite à une réponse.
Olivier Culmann : “Je n’ai pas de jugement sur les jeunes vis-à-vis du selfie. C’est le moyen de communication propre à leur génération comme l’a été le téléphone fixe à mon époque.”
Quel regard portez-vous sur les jeunes d’aujourd’hui, notamment, avec cette pratique du selfie ?
Je n’ai pas de jugement sur les jeunes vis-à-vis du selfie. C’est le moyen de communication propre à leur génération comme l’a été le téléphone fixe à mon époque. Avant, on envoyait des cartes postales pour raconter nos vacances et la personne la recevait trois jours plus tard. Aujourd’hui, c’est le selfie qui va raconter une situation. Lors de mes échanges avec les élèves, il est aussi ressorti que la pratique du selfie est parfois imposée par les réseaux sociaux comme Instagram ou BeReal. Pour ce dernier, on reçoit une espèce d’injonction à un moment donné de la journée, qui peut être aléatoire, de faire une photo avec les deux objectifs de l’appareil, c’est-à-dire en mode selfie et avec la caméra avant. Cette sorte de commandement, dans un laps de temps restreint, pourrait être considéré comme une dictature, au sens extrême du terme.
Est-ce que les élèves ont eu carte blanche pour ce projet ou des consignes à suivre ?
On a construit ce projet avec Nicolas Marjault (professeur au lycée Jean-Macé, ndlr) et les élèves. Il y a une thématique globale – le selfie-, les élèves font des propositions et nous les conseillons afin de garder une cohérence générale dans le projet, pour que l’on aie une variété de propositions photographiques, même si on est en mode selfie pour la majorité.
Pouvez-vous nous parler de la mise en scène du rendu de ce projet ?
Elle s’est déroulée dans le hall circulaire du lycée, que je trouve très beau. Il y avait trois écrans accrochés aux balcons qui surplombent ce hall. Le public entrait dans ce grand rond et était au milieu de cet espace, avec les élèves qui étaient eux les acteurs du projet. Le public a pu se mouvoir dans cet espace circulaire où les élèves montraient les photos qu’ils avaient réalisées pendant la semaine d’élaboration.
Ce n’est pas la première fois que vous venez à Niort pour exposer, qu’est-ce que cette ville vous inspire ?
Il est vrai que je suis souvent venu, d’abord en 2016, en résidence à la villa Pérochon puis en 2020 pour l’exposition SELFIE. Je fais un peu l’amalgame entre Niort, la villa Pérochon et tous ces acteurs qui y sont actifs. Et donc maintenant, à chaque fois que je viens à Niort, ce sont des amis que je retrouve. J’ai toujours énormément de plaisir à revenir ici parce que j’aime retrouver des gens humainement engagés, acteurs d’une activité photographique destinée au public que je trouve franchement très riche.
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Interview @Elisa HUMANN
Photo @olivier_culmann