À La Rochelle, les entreprises Avatar Mobilité et Elixir Aircraft rivalisent d’imagination pour fabriquer les véhicules et les avions du futur, plus durables et moins gourmands en énergie.
Faire plus, et surtout mieux, avec moins. Après une course à la pointe de la technologie, certaines entreprises semblent revoir leur copie et se tourner vers des fabrications simplifiées, plus vertueuses et des véhicules moins énergivores. Dans l’agglomération de La Rochelle, deux des fondateurs d’Avatar Mobilité ont imaginé un véhicule plus propre, moins impactant, plus léger et adapté aux besoins du quotidien. « Un SUV pour transporter seulement une personne depuis son domicile jusqu’à son lieu de travail, c’est juste déraisonnable en termes de matière et d’énergie utilisées », explique Frédéric Mourier. Il est en charge de la recherche et du développement et l’un des associés de la start-up créée dans un esprit RSE (responsabilité sociétale des entreprises) en août 2021 et installée dans les locaux de l’école d’ingénieurs Cesi dans le parc bas carbone de Lagord.
Après s’être rendu compte que la voiture avait désormais davantage une fonction utilitaire et n’était plus un marqueur social, les réflexions des chercheurs d’Avatar Mobilité ont donc donné naissance à un véhicule on ne peut plus simplifié : un quadricycle électrique pour la route de 400 kg. Ici, pas de courroie, pas de ventilation, ni de radiateur… et seulement 200 pièces au total nécessaires à sa fabrication contre 12 000 à 15 000 pièces sur une voiture. L’allègement et la simplification de ses équipements permettent d’économiser sur les matériaux, qui sont en plus recyclés et recyclables (acier, thermoplastiques).
Les pièces fabriquées en France seront assemblées d’abord dans l’agglomération rochelaise, puis dans des sites d’assemblage locaux répartis par département ou par région pour faciliter la maintenance et éviter les déplacements longs et coûteux. Les pré-commandes ont été lancées en janvier 2024 pour un prix de 15 000 euros HT pour les premières séries.
Ce concept de simplification et d’économie des matières se retrouve également… dans l’aviation ! En effet, les Rochelais d’Elixir Aircraft ont eu le même raisonnement. Installée à Périgny depuis 2015 où sont fabriquées les pièces, et à proximité de l’aéroport La Rochelle – Île de Ré dans le quartier de Laleu depuis septembre 2020, où a lieu l’assemblage, l’entreprise rochelaise s’est inspirée de la fabrication des voiliers de course au large pour proposer, aux écoles de pilotes de ligne, aux aéroclubs et aux particuliers, des avions légers de quatrième génération élaborés à partir de monoblocs. Six ou sept morceaux composent 95 % de l’appareil. « Nous sommes les seuls au monde à faire ça, souligne Emmanuel Gil, qui s’occupe de la partie commerciale pour l’Europe. Globalement, il faut compter 17 000 références pour un avion ; chez Elixir Aircraft, il n’y en a que 900. »
Là encore, le bénéfice est total. « C’est un cercle vertueux, c’est plus simple pour la maintenance », rappelle Emmanuel Gil. Et la structure est constituée uniquement de carbone, un matériau presque incassable… et léger ! « Un peu moins de 400 kg à vide au lieu du double. »
« Il vaut mieux choisir que subir. On propose une solution avant qu’on nous impose de changer de moyens de déplacement »
Et qui dit voyager plus léger, dit économies d’énergie. Ainsi, le quadricycle d’Avatar Mobilité, avec une autonomie de 150 kilomètres, consomme entre 4 et 5 kWh pour 100 kilomètres. « Au coût de l’électricité actuel, cela revient 1 euro environ les 100 kilomètres », précise Frédéric Mourier. Une consommation moindre également rendue possible de par sa forme fuselée permettant de jouer sur l’aérodynamisme. Et le véhicule est doté de panneaux photovoltaïques permettant 30 à 40 kilomètres d’autonomie.
« Il vaut mieux choisir que subir. On propose une solution avant qu’on nous impose de changer de moyens de déplacement », insiste Éric Moreau, directeur technique chez Avatar Mobilité.
Chez Elixir Aircraft, qui travaille avec Airbus, la légèreté des avions permet de consommer 70 % d’énergie en moins, « avec une performance proche des 6L/100km, soit une consommation comprise entre 11 et 12 litres de l’heure pour une vitesse moyenne de 220 km/h », précise Emmanuel Gil. Une bonne nouvelle en attendant d’opter pour l’hydrogène dans le futur, un projet sur lequel travaille Elixir Aircraft avec Safran et Air Liquide. « Pour décarboner encore plus l’aviation, on voudrait utiliser des déchets du quotidien comme carburant. Si on veut continuer à voler, il va falloir montrer patte verte », sourit Emmanuel Gil.
Dans les Deux-Sèvres aussi
Dans les Deux-Sèvres aussi, on ne manque pas d’idées pour « verdir » son activité. À Coulon, chez Terres d’envol spécialisée dans les vols en montgolfière pour survoler le Marais poitevin et avoir une vue à 360° à 1 000 mètres d’altitude, Yann Siméau, le gérant, créateur et pilote de l’entreprise, compense à 100 % les émissions en CO2 de ses 80 à 100 vols par an en participant à un programme de reboisement dans les Deux-Sèvres avec Coopérative Carbone de La Rochelle. Le ballon estampillé Terres d’envol a, lui, été fabriqué en France à Annonay.
