Musique
Miel de Montagne et Marcel Kanche, prodiges de père en fils
Dans la famille « musique », je demande le père et le fils. Bonne pioche : Miel de Montagne était de passage à Niort pour la tournée de son nouvel album « Tout Autour de Nous ». L’occasion pour nous de le rencontrer avec son père, résident deux-sévrien, Marcel Kanche, compositeur et auteur de quelques-uns des plus grands tubes d’artistes comme Mathieu Chedid, Vanessa Paradis ou encore Axel Bauer.
Milan et Marcel, vous êtes tous les deux dans la musique, et vous travaillez même ensemble. Comment ça se passe ?
Marcel : Moi j’attends qu’il m’appelle, parce que je ne veux pas m’imposer. Ça pourrait être complexe, travailler avec son fils c’est pas toujours évident.
Milan : Pour l’écriture, moi j’ai toujours un refrain. Le problème c’est que j’ai du mal à développer. Mon père m’a aidé sur tout le deuxième album, et j’en suis très fier. On sent la différence avec le premier. L’intention était différente, le premier était plus léger, moins intime. Là j’avais un peu envie de me livrer, j’avais une phrase, mon père prenait son carnet, et on faisait un ping-pong de mots. Avec son savoir-faire, il m’aiguillait dans le bon sens.
Ça n’est pas trop difficile de travailler en famille ?
Marcel : C’est moins difficile pour moi d’écrire pour Vanessa Paradis ou Mathieu Chedid, que d’écrire pour Milan. Dans ces cas-là, j’écris un texte, et il plait, ou pas. Quand je travaille avec Milan, je dois me mettre à son service, adopter ses visions des choses, et aborder des sujets qui ne seraient pas les miens, en tout cas sortir de mes ornières. Dans ces moments-là, il faut vraiment ne plus être le père et être juste l’auteur, pour creuser dans son sens à lui, et pas dans le mien.
Milan : Mais ce qui est bien c’est qu’on a un peu la même vision de la vie, le même humour, donc quand je lui dis quelque chose, on se comprend.
Comment la carrière et l’expérience de chacun nourrissent l’autre ?
Milan : Moi j’ai été baigné dans ce milieu, j’ai tout appris de mon père. Jouer d’un instrument, composer, tout ça je le dois au fait qu’il soit musicien, parce que j’ai été nourri par tout ça, et c’est ce qui fait que c’est devenu une vraie passion.
Marcel : Je n’interviens pas trop dans ses choix de carrière. Je le laisse faire ses erreurs, ou plutôt ses expériences. Chaque expérience n’est jamais une erreur, c’est toujours enrichissant. C’est son histoire, je n’ai pas toujours à intervenir.
Milan : Mais je lui demande toujours son avis. Même quand je travaille des morceaux tout seul, je les fais toujours écouter à mes parents. Et j’écoute tous les conseils qu’ils peuvent avoir à me donner. Je gagne de l’expérience petit à petit, mais je gagne un temps fou à écouter ses conseils.
Vous ne vivez pas la musique de la même façon, toi Milan tu es dans la lumière, et vous Marcel, vous êtes surtout connu pour être resté dans l’ombre…
Marcel : Moi l’ombre ça ne m’a jamais dérangé. Et être dans l’ombre de Milan, j’en suis très fier, c’est une grande réussite, et je le revendique. Et si on fait des enfants c’est pour qu’ils s’épanouissent et s’éveillent.
Milan, toi tu pourrais écrire pour les autres ?
Milan : C’est compliqué car je suis beaucoup dans ma tête. Ce qui me plait dans ce métier, et dans le processus créatif, c’est cette espèce d’état conscient, mais altéré, dans lequel je me retrouve seul. C’est ça qui me plait vraiment, parce que c’est immersif. Mais on verra, peut-être un jour. Aujourd’hui je ne me sens pas suffisamment bon pour pouvoir le faire.
« Rencontrer Philippe Katerine, c’était un signe de Dieu…
Les vraies rencontres, c’est comme ça que ça se passe. »
Milan, est-ce que ça aide d’avoir un père dans le métier ? Est-ce que ça a pu t’ouvrir des portes ?
Milan : Il m’a toujours aidé.
Marcel : Je lui ai donné quelques clés, quelques contacts, mais c’est à lui de rencontrer les gens et de créer les relations. Moi-même j’ai bâti ma carrière sur des rencontres. Il faut rencontrer la personne, lui parler, pour pouvoir travailler avec elle. Pour Mathieu Chedid, c’est Santi, le batteur de la Mano Negra qui nous a présentés, et on est devenus amis.
Milan : J’ai travaillé avec Philippe Katerine, et c’était un signe de Dieu. Je voulais un rappeur pour faire un feat avec moi sur un morceau. Et ma manager a proposé d’inviter Katerine. Moi j’ai adoré l’idée, mais je ne le connaissais pas, donc je me disais que c’était impossible. Et ce jour-là je suis sorti dans la rue, et j’ai croisé Philippe Katerine au kiosque à journaux. Ensuite tout s’est passé très vite et très simplement. C’est un génie, alors avec lui tout se passe très vite et très bien.
Marcel : Les vraies rencontres, c’est comme ça que ça se passe.
CREDITS :
Miel De Montagne Nouvel Album Tout Autour de Nous, disponible (Délicieuse Records)
Marcel kanche, Nouvel Album Un Nid , disponible (L’estran)
Interview @mel.bguier
Crédit photo : @realkafkatamura