MANON GAUTIER
SIMPLICITÉ, ÉLÉGANCE ET CELLES-SUR-BELLE
Lancée dans le monde de la mode depuis deux ans à Paris, Manon Gautier n’a de cesse de séduire par ses créations certains grands artistes français et internationaux. Ce talent pour la mode, qu’elle admet avec humilité et simplicité, elle le partage le plus possible avec ce qu’elle connaît le mieux : son village natal de Celles-sur-Belle. Retour sur ses succès précoces qui ne l’ont jamais éloigné de ses racines.

Vous avez terminé vos études dans la mode en 2023. Comment décririez-vous votre parcours depuis ?
Un peu imprévisible. Je ne savais pas à quoi m’attendre après mes études de métiers d’Art et de design à Tours. J’étais censée poursuivre mon cursus avec un Master en alternance à Paris. Mais dès la pré-rentrée, ça ne m’a pas du tout emballée. Je ne le sentais pas. Donc, sur un coup de tête, j’ai décidé de ne pas faire ce Master. […] C’est là que j’ai pris la décision de continuer à développer ma marque.
Avant même la fin de vos études, vous aviez déjà créé votre propre marque ?
Oui, depuis mars 2023, j’avais déclaré une auto-entreprise donc, j’avais déjà une activité dans la mode en parallèle. Au début, je pensais devoir trouver un travail alimentaire parce que je ne savais pas trop où ça allait me mener. Sauf que j’ai très vite été surbookée. Tout s’est fait très rapidement. J’ai pu aller à Milan pour faire un shooting, aller au festival de Cannes pour travailler dessus, tout s’est enchaîné.
Avant tout cela, la belle aventure avait déjà bien commencé ?
Oui, j’ai eu le prix du public pour un concours en collaboration avec Shein lors de mes études. J’avais 18 ans à ce moment-là. Je sais qu’à l’époque, à l’école, cela avait impressionné et moi-même je l’étais. Après, on connaît la marque et les enjeux autour de celle-ci. Mais à l’époque, ça m’a donné de la crédibilité. Et même, ça m’a apporté plein de compétences. Les gens ont pu porter mes vêtements à l’échelle internationale. Je ne collabore plus avec eux parce que je veux faire mon truc et parce que ça ne correspond plus aux enjeux actuels. En parallèle, ça m’arrivait de devoir sécher les cours parce que j’avais des opportunités professionnelles à Paris via mon auto-entreprise. Avoir déjà ce pied dans le milieu professionnel m’a vraiment permis de développer rapidement ma marque.
À vous entendre, on croirait que vous êtes une autodidacte de la mode…
A l’école, je n’étais pas la première de la classe. J’étais celle plutôt qui avait les contacts. Après, j’ai pris confiance en mon travail au fur et à mesure, j’avais besoin de savoir que ce que je faisais plaisait.
Quand avez-vous eu le déclic qui vous a fait comprendre que votre travail était apprécié ?
Pendant ma troisième année d’étude, on devait faire un mémoire et créer une collection de vêtements autour d’un thème. J’ai choisi de créer autour des tenues de scène. Je ne me suis pas dit, imagine que tu habilles Michael Jackson ou Beyoncé. J’ai préféré créer pour des artistes actuels et accessibles. Donc j’ai cherché à contacter des artistes. Jusqu’au jour où je vois un chanteur que j’écoutais, porter mes vêtements. Puis je vois un autre chanteur que j’écoutais venir voir mon défilé ! Il y a eu d’autres moments. Rien qu’à mon premier défilé : réunir 400 personnes dans la pauvre salle des fêtes de Celles-sur-Belle, mon village. Toutes ces choses-là m’ont mise en confiance et m’ont fait comprendre que ça plaisait.
Il y a un artiste avec qui vous avez collaboré qui vous a marqué ?
Cet artiste, c’était mon premier concert quand j’étais adolescente, c’est Keen’V. J’ai pu l’habiller deux fois pour ses concerts. Et c’est lui qui est même venu voir mon défilé. Pour l’anecdote, c’est lui qui a demandé à prendre une photo avec moi (rires). C’était super gratifiant mais en même temps ça fait super bizarre.
Vous êtes devenue une vedette à Celles-sur-Belle ?
C’est une petite ville (3.900 habitants environ). Tout le monde se connaît, tout le monde parle, ça va vite. Du coup, certains disent “ah c’est Manon, celle qui a fait la collection” etc. C’est tout bête mais, une fois je suis allée faire mes courses au supermarché et on m’a demandé une photo, ça fait bizarre (rires).

Vous êtes très attachée à ce village puisque vous y organisez même des défilés ?
J’ai grandi toute ma vie à Celles-sur-Belle. J’y rentre très souvent. J’y suis attachée, j’ai ma famille ici. J’ai cette volonté de montrer mon travail. Tout le monde n’a pas la chance d’assister à un défilé de mode. Mon premier défilé je l’avais fait à Celles. Le dernier en juillet 2024, je l’ai fait à Paris mais aussi à Celles-sur-Belle dans l’abbaye. D’ailleurs, c’était limite plus beau qu’à Paris ! En tout cas, ça va être un peu le projet tous les ans, de faire une collection et d’en faire un défilé à Paris et à Celles-sur-Belle. Forcément, ce ne seront pas les mêmes enjeux et le même stress. Mais au moins, ça enlève la barrière des réseaux sociaux où je présente mon travail.
Entre Paris et Celles-sur-Belle, votre cœur balance ?
Professionnellement, je préfère Paris évidemment. Mais pour tout le reste, je préfère Celles-sur-Belle. C’est beaucoup plus calme, toute ma famille est ici. Même pour travailler, je me sens mieux ici pour réfléchir sur ma nouvelle collection. Je me sens mieux chez moi à Celles-sur-Belle, même si j’ai aussi un “chez moi” à Paris.
Interview @GScanff
Photos @lambertdavis