MALIK DJOUDI
« Chaque album est une première fois ! »
Chanteur électro-romantique de la nouvelle french pop, le natif de Poitiers revient avec un quatrième album, brillante étape introspective d’une carrière solo démarrée sur le tard. Rodée à La Rochelle, sa tournée fait la part belle à l’Ouest, passant par Poitiers, Nantes, Auray et Bordeaux.
« Vivant », ton nouvel album, marque un virage par rapport au précédent, « Troie », qui sonnait plus orchestré. Est-ce une volonté de revenir à la simplicité ?
J’essaie de toujours épurer les choses en musique, d’aller à l’essentiel. Je n’ai pas besoin de beaucoup de pistes pour enregistrer ni de beaucoup d’instruments pour réaliser une chanson. J’aime bien composer avec une base simple sur laquelle poser peu d’instruments. Et je conçois aussi la chanson en pensant à la scène, pour que toutes les parties puissent être jouées live.
Comment as-tu conçu « Vivant » ?
Chaque album suit toujours le même processus : je prends mes instruments, mon ordinateur, et je commence des chansons en mode piano-voix ou guitare-voix. Pour celui-ci, j’ai d’abord beaucoup composé dans mon studio parisien mais les premiers morceaux sont nés durant une résidence à la Villa Médicis à Rome. Là, j’ai essayé de faire en sorte que les morceaux tiennent la route et qu’il suffise d’ajouter des arrangements. Sur cette base, j’ai travaillé avec le producteur et musicien Adrien Soleiman. Le déclic s’est fait sur la reprise de « Lettre à France » réalisée ensemble pour la compilation hommage « Il était une fois Polnareff ». Comme ça c’était très bien passé, je lui ai proposé de m’accompagner sur l’album.
Tu as changé de collaborateur à chaque album, est-ce ta façon d’éviter la routine ?
Oui car chaque projet correspond à chaque fois à une expérience nouvelle, j’aime bien ça. J’ai vraiment l’impression de me retrouver à chaque fois comme si j’étais un débutant, comme si c’était mon premier album. Ça me motive à toujours vouloir faire mon meilleur disque.
Comment ça s’est passé en studio ?
Avec Adrien, on a eu la chance d’avoir une équipe de super musiciens avec qui nous sommes partis à La Frette, un studio mythique en banlieue parisienne où les Arctic Monkeys, entre autres, se sont déjà posés. On a pu y enregistrer jour et nuit dans les conditions du live, ce qui devient rare de nos jours. Ensuite, j’ai eu une autre chance, celle de rencontrer Thomas Bangalter, ex-Daft Punk, qui est venu écouter les enregistrements. Il m’a beaucoup ouvert les yeux sur le trop grand nombre d’instruments, me conseillant d’aller beaucoup plus à l’essentiel. C’était vraiment un bon conseil et un beau moment de cet album.
On sent des textes intimistes, personnels, dont un adressé à ta maman. Oses-tu plus naturellement te dévoiler avec le temps ?
C’est vrai que plus jeune ou débutant, il est moins évident de parler de soi. Mais plus ça va, plus j’ai envie d’être honnête, encore plus intime, de me livrer encore plus. Dire ce que je pense et ce que je ressens dans mes textes me parait important. Je pourrais inventer des chansons qui seraient des fictions mais non, je parle de moi. J’ai envie d’être honnête et droit.
Depuis le temps que tu te produis sur scène, comment vis-tu les concerts et les tournées ?
Chaque concert correspond à un moment différent. Après avoir démarré en duo, je joue en groupe depuis plusieurs albums pour que rien ne soit figé concert après concert. Pour cette tournée, je m’entoure d’un nouveau groupe de musiciens avec une formation assez classique (guitare, basse, batterie, clavier) avec pour but de sonner un peu hybride, en laissant pas mal de place à l’électronique. Mais je sens quand même qu’il me reste une marge de progression énorme. Il faut aller encore plus loin, un peu comme dans ma musique. Ce challenge me plaît beaucoup et me donne l’impression de toujours être un artiste en développement, et c’est tant mieux. Je sens que je peux aller plus loin. Ce qui me motive, c’est d’explorer là où je ne suis pas encore allé, que ce soit à travers mon discours ou sur scène. J’espère que je connaîtrai ce moment-là.
As-tu une idée d’où se trouve cet inconnu à atteindre ?
Je pense m’en approcher. Je suis déjà heureux d’une chose, c’est que je n’irai jamais vers la facilité. L’argent ne me motive pas du tout. Après, j’ai parfois des inquiétudes, en particulier quand je pense au secteur de la musique indépendante. Je trouve qu’on en entend de moins en moins et qu’il est de plus en plus difficile d’en produire, et je ne parle même pas d’en vivre. Mais je me battrai toujours pour elle. Pour moi, c’est un vrai combat de pouvoir exercer son métier sans tomber dans la facilité.
Te produire à Poitiers, où tu es né et où vit ta famille, c’est toujours un concert spécial ?
Oui, la tournée d’automne y passe et ma famille vient toujours assister au concert. On a de la chance car on la prépare avec une résidence à la Sirène à la Rochelle. Je suis content parce qu’on travaille avec une bonne équipe, en particulier avec Pierre Claude pour la partie visuelle, qui s’est déjà chargé de la scénographie d’Air (et travaille aussi avec Phoenix, The Strokes, Rone, Kavinsky… NDLR). Poitiers, c’est toujours ma ville mais plus ça va, moins j’ai le temps d’y aller. Quand je peux, c’est essentiellement pour y rendre visite à ma famille. Cette ville reste toujours un endroit important où me ressourcer.
Vivant (Cinq7) – disponible
16/11/24 Poitiers (Le Confort Moderne) , 26/11 Nantes (La Bouche d’Air) , 28/11 à Bordeaux (Rock School Barbey).