Edyne-Triloop Les fringues en mode grand écart

Edyne-Triloop
Les fringues en mode grand écart

Rencontre avec Edouard Gabet et Valentin Garcin, patrons respectifs d’Edyne et de Triloop, deux marques aux univers très divers, deux façons de voir le business. Interview découverte sous toutes les coutures.

Comment a-t-on l’idée de se lancer dans le business assez lourd du textile ?

Valentin : Je suis parti à Toulon en école d’ingénieur « Innovation mécanique pour des systèmes durables ». Avec Sandra Huon, nous étions passionnés de sport et soucieux d’agir dans le secteur hyper polluant du textile en travaillant avec des matières recyclées. Nous avons démarré avec le statut d’étudiant-entrepreneur, on a pris des cours sur le business model et on a créé Triloop (pour les boucles de natation, course et vélo en triathlon), unemarque de vêtements de sports d’endurance éco responsable basée à Toulon.

Edouard, ton approche est beaucoup plus freestyle. Tu as démarré sous forme de collectif de potes, entre le skate et le hip hop…

Edouard :Le projet est né d’une simple envie. Tout a démarré avec notre groupe de musique et de skate. J’ai d’abord pensé à faire une marque de vêtements car mon kiffe premier était d’imaginer un t-shirt et de le voir sur un inconnu dans la rue. Au début, je n’y connaissais rien du tout. J’ai appris à faire de la sérigraphie tout seul et fait mes premiers modèles avec ma mère qui fait totalement partie du projet. 

Comment avez-vous fait connaître votre marque ? Faites-vous porter vos vêtements par des influenceurs par exemple ?

Edouard : Je suis très pointilleux sur l’image de la marque. Pour moi c’est ultra important. J’ai réalisé des vidéos sympas qui ont marché sur les réseaux. Les Niortais nous ont connu comme ça. Oui, on a fait des collaborations simples avec des artistes qui aimaient nos produits et qui les portaient naturellement, sans obligation. 

Valentin : Dès le début, on a réussi à séduire des triathlètes, des professionnels un peu partout en France. Ils portent la marque, on les fait tester, ils nous font un retour, on co-crée les produits avec eux. Nous vendons en B to C sur notre site e-commerce et une part B to B avec les magasins comme Foulées à Niort. Il nous faut encore développer notre réseau de distribution. On est aussi entré sur les marketplaces comme All tricks. Et on accompagne une dizaine d’événements sportifs en créant des textiles personnalisés.

On peut difficilement faire plus différent quant à vos démarches…

Edouard : Je suis plus indé. C’est dans mon tempérament, j’aime bien me débrouiller seul. J’ai moins la fibre business que créateur je pense. Edyne c’est vraiment un lifestyle pour moi. Je n’essaie pas de plaire aux gens. Si j’ai envie de faire une sape, je la fais, peu importe si elle ne plait pas. J’ai toujours fait ça par plaisir. 

C’est pour ça que tu as fermé la boutique du centre de Niort ?

Edouard : Oui, j’ai ralenti la machine. Avec le magasin et ses charges il y avait un côté qui ne m’intéressait plus. Il fallait produire pour être rentable. On perdait l’authenticité de la marque. Aujourd’hui on vend sur notre site internet. Nous produisons de petites quantités, je n’ai plus envie de faire d’énormes collections. Si ça fonctionne j’en refais derrière.

Triloop ne fonctionne pas du tout comme ça…

Valentin : On est dans l’univers start up. On est passé par le modèle de l’incubation. Nous faisons de la co-création. C’est l’attente du client qui est au cœur de ce qu’on va produire derrière. Même avec une autre organisation je pense qu’on aurait cherché à faire un produit qui corresponde à notre marché. Nous sommes sur des enjeux de volume pour avoir un impact sur l’environnement. Quand on lance quelque chose c’est minimum pour 150 pièces. Du coup on ne peut pas se permettre de produire quelque chose qu’on ne vend pas. Nous sommes cinq salariés à plein temps dans l’équipe.

Est-ce que vous assumez aussi la partie confection ?

Valentin : On internalise toute la partie personnalisation. Pour la confection, c’est une expertise très différente qui demanderait des investissements trop lourds. Nous allons chercher toute notre matière première recyclée à la source : le fournisseur de fil qui recycle des bouteilles plastique, on le met en relation avec le tisseur, puis le tissu est emmené chez notre confectionneur… On est obligé de commander un minimum de 400 m de matière, pour faire 400 produits en autant de couleurs… 70 % de notre production est réalisée en France, le reste chez nos voisins européens. En terme de références, on espère atteindre les 150 dans trois ans.
Edouard : Jusqu’à maintenant on achète des vêtements tout fait, en marque blanche, puis le produit est assemblé. On le modifie ensuite. On fait ça chez nous, au fond du jardin. C’est très artisanal, familial. Aujourd’hui je m’intéresse plus au fait main, au patronage, au fait de réaliser une pièce de A à Z. Je suis prêt à aborder d’autres univers en créant une branche pour femme. C’est un peu comme si une page se tournait pour Edyne. On pourrait partir vers autre chose tout en étant fidèle à ce qu’on est.

@edyne_clothing

@triloop.fr

Interview Charles Provost

rédac @karlduquesnoy

Crédit photo : @realkafkatamura