Kheiron « L’objectif est de provoquer un rire toutes les cinq secondes »

Kheiron
« L’objectif est de provoquer un rire toutes les cinq secondes »

Identifié du grand public depuis les succès en salle de Nous trois ou rien et Mauvaises herbes, Kheiron excelle également sur scène où son sens de l’improvisation, toujours bienveillante, jamais provocante, donne naissance à des moments de vie aussi hilarants que fédérateurs. Rencontre. 

60 minutes avec Kheiron se présente comme un spectacle d’improvisation. Est-ce à dire que tu n’aimes pas te baser sur un déroulé trop écrit ?

Kheiron : Ça part surtout d’une envie de ne pas répéter les mêmes choses, du besoin d’être surpris et de se démarquer des autres. Aujourd’hui, c’est devenu un style de faire des spectacles d’impro, mais je pense pouvoir dire avoir été le premier à en proposer vers 2011. L’idée, c’était de proposer un show dont le public puisse être le héros, en interagissant constamment avec. Depuis, de nombreux extraits ont été publiés sur YouTube, il doit y avoir plus de 60 heures de vidéos disponibles. Les gens ont le mode d’emploi. Pourtant, ils continuent de venir. Tout simplement parce qu’ils se rendent bien compte que les vidéos sont nulles par rapport au spectacle en tant que tel. 

On ne peut s’empêcher de penser qu’il faut avoir sérieusement cadré son spectacle pour oser s’avancer ainsi sur scène…

Kheiron : Il y a deux phases. La première consiste à rassembler un énorme bloc de blagues sur des thématiques variées, quitte à avoir suffisamment de matières pour monter deux ou trois spectacles. Une fois que j’ai tout ce matériel à disposition, je monte un spectacle d’une heure que je continue d’alimenter en permanence. Avec le temps, certaines blagues faites en impro ont été conservées, sont devenues plus profondes, plus longues, et viennent nourrir le récit autrement. La deuxième phase est donc celle-ci : accepter d’être en constante évolution et laisser de côté des blagues qui ne fonctionnent plus, qui n’ont plus rien d’originales. 

« Ce qu’il y a d’intéressant, c’est moins la question posée que la sincérité des gens »

J’imagine aussi qu’il y a des astuces pour provoquer le rire lors des soirées plus compliquées…

Kheiron : Oui, bien sûr ! Par exemple, j’ai quelques blagues en tête, écrites, que je peux balancer si jamais j’ai un trou de mémoire dans le déroulé du spectacle. Pareil, je sais qu’il est toujours efficace de choquer le public en balançant une phrase avec laquelle personne n’est d’accord. C’est une façon de prendre le contrepied, de créer la surprise, et d’envoyer un missile qui, forcément, provoque une réaction. L’objectif étant de provoquer un rire toutes les cinq secondes. C’est beaucoup, mais c’est ce qui donne le rythme au spectacle.

Tu fonctionnes de la même façon avec les questions adressées au public ?

Kheiron : Oui, bien sûr. Il y a à la fois les questions générales, auxquelles les gens répondent le plus. Et puis il y a les questions déstabilisantes, types « Comment s’est passé votre premier “date” ? » ou « Quel est votre handicap ? ». Celle-ci, je la pose depuis deux ou trois ans, et c’est toujours une bonne surprise. Au fond, ce qu’il y a d’intéressant, c’est moins la question posée que la sincérité des gens. 

Contrairement à d’autres humoristes, tu es finalement très peu présent sur YouTube ou d’autres plateformes. Est-ce à dire que l’humour filmé, en dehors de tes films, ne t’intéresse pas ?

Kheiron : Disons que je vois YouTube comme du pur teasing de mes spectacles. J’utilise des extraits, je les mets en ligne, mais je ne crée pas de contenus inédits. Tout simplement parce que je suis nul dans ce domaine et que ça ne me stimule pas. Oui, j’ai participé à des vidéos de Pierre Croce, mais ce sont des émissions où j’endosse le rôle de l’invité, je m’inscris avant tout dans des concepts. Personnellement, je ne pourrai pas avoir une chaîne hebdomadaire, je suis tout simplement plus à l’aise sur scène. 

Interview @max.delk