Purple Reine JAIN

Purple Reine
JAIN

Après quatre ans d’absence, la chanteuse française, star à l’international, rompt enfin le silence avec un troisième album pour lequel elle repart en tournée. Sur « The Fool », le métissage des rythmiques africaines et arabes laisse la place à sa vision de l’âge d’or de la pop des années 70 qu’elle a redécouvert durant le confinement. Un virage tubesque qu’elle conjugue à des textes plus personnels, portés sur l’amour et une certaine conscience de la planète. Cosmic Jain est née !

En l’espace de dix ans, elle est devenue celle que le monde nous envie.  Bien que quelques artistes français de la scène dance, électro-pop ou groove aient réussi de belles percées à l’étranger – Polo & Pan, L’Impératrice, Aya Nakamura… – les stars de la chanson connaissant le succès international sont rares. Cependant, Jain fait exception à cette règle. Dès ses débuts, elle n’a jamais remis en question les frontières musicales et a instinctivement fusionné la chanson, la pop et des éléments de tous les continents.

Née Jeanne Galice à Toulouse, elle a parcouru le monde au gré des mutations de son père, emportant avec elle une multitude d’influences qui ont ouvert grand ses oreilles et nourri son inspiration. Grandir à Dubaï lui a fait découvrir les percussions arabes, tandis qu’au Congo-Brazzaville, elle s’est initiée à la batterie synthétique. Son père, lui a permis de rencontrer Mr. Flash, producteur associé au label Ed Banger Records, qui l’a initiée à la programmation musicale. La mise en ligne de ses premiers titres sur MySpace a attiré l’attention de son futur manager et du musicien producteur Maxime Nucci, connu sous le nom de Yodelice, qui est devenu son partenaire attitré.

Installée à Paris pour poursuivre des études d’art, elle publie un premier EP, suivi de l’album « Zanaka » qui la fait connaître grâce au succès de son titre « Makeba », inspiré par la chanteuse Miriam Makeba. Avec son deuxième album, « Souldier » (2017), Jain poursuit son exploration des sonorités exotiques, créant sa propre palette parmi un immense kaléidoscope d’influences. Elle remporte également la Victoire de l’artiste féminine de l’année en 2017.

Après une longue période de silence en studio, Jain réapparaît enfin en 2023 avec un troisième album entre les mains. La pochette de « The Fool » arbore des couleurs violettes, rouges, pourpres, brûlantes, annonçant ainsi l’ambiance musicale. Le graphisme et les chansons font écho à l’âge d’or de la pop anglo-saxonne des années 70, avec une sincérité totale. Une rencontre s’imposait !

Il s’est écoulé cinq ans entre « Souldier » et « The Fool », avec entre temps un concert à Bercy annulé en 2019, le Covid… Est-ce là que se trouve la source de « The Fool » ?

Absolument ! J’ai donné mon dernier concert à Tokyo en 2019 avant cette pause qui s’est révélée bénéfique. J’avais tourné pendant cinq ans, c’était formidable et j’ai reçu un retour d’amour incroyable du public. Mais j’avais aussi besoin de vivre ma vie de mon côté, en dehors de la musique, ce que je n’avais pas fait depuis longtemps. Cela m’a permis de me redécouvrir, de réécouter de la musique, chose que je n’avais pas faite depuis longtemps non plus. Cette pause m’a fait prendre conscience de tout le travail accompli au cours de ces années et m’a donné le temps de proposer quelque chose de nouveau artistiquement, car il était hors de question de revenir en me répétant. Cela m’a permis de trouver une autre direction.

Écouter de la musique a aidé ?

Oui, écouter de la musique m’a clairement aidée. C’est ainsi que l’idée de l’album m’est venue. C’est une source d’inspiration inévitable. Pendant le confinement, j’ai eu l’occasion d’écouter des artistes que je connaissais, mais dont je n’avais jamais écouté les albums en entier : les Beatles, David Bowie, Kate Bush, Fleetwood Mac, Elton John, pour n’en citer que quelques-uns. Leur pop traditionnelle m’a donné envie de suivre cette voie : m’inspirer de la pop de la fin des années 70 et la rendre contemporaine en y ajoutant des sonorités électroniques. Cela m’a redonné le goût et l’envie d’écrire mes propres chansons. Toutes les chansons ont été créées à la base avec juste ma voix et une guitare ou un piano, avec très peu d’éléments supplémentaires.

Cette évolution se sent jusqu’aux pochettes dont la dominante est passée du jaune au bleu, puis maintenant au rouge chaud. Est-ce est un signe ?

Les pochettes et les choix de couleurs sont extrêmement importants pour moi. Avoir la possibilité de concevoir ma propre pochette, qui d’ailleurs penche plus vers le violet que vers le rouge, en référence à la couleur du cosmos, était aussi un message annonçant une nouvelle ère. Les changements de couleurs des pochettes reflètent donc cette évolution.

Côté textes, quelles ont été tes sources d’inspiration ?

Les trois-quarts de l’album sont des chansons d’amour. J’avais vraiment envie de parler de ça, de ce que j’avais vécu personnellement. Ça donne un album plus intime, ce qui marque aussi un changement avec les précédents où l’amour y était plus global, plus universel. Avant, comme sur le deuxième, j’avais eu très peu de temps pour moi. J’écrivais dans le bus de tournée… Là c’était hyper agréable d’écrire sur des expériences, sur mes sentiments. J’entre beaucoup plus dans l’intime, un endroit que je n’avais jamais exploré avant. Avoir tout ce temps a aussi permis de vivre sa vie et donc, d’avoir matière à raconter.

On te sent même apaisée sur la balade « To All the People »…

Elle n’est pourtant pas si apaisée que ça si on se plonge dans le texte ! J’y dévoile mon angoisse du réchauffement climatique et elle s’adresse surtout aux gens qui veulent sauver le monde. Elle signifie « soyons un club d’optimistes même si le monde brûle ». Donc pas si apaisée que ça…

Quant à « Save the World », j’ai eu du mal à l’écrire car sauver le monde est un thème compliqué à aborder. J’ai fini par trouver la solution à travers un dialogue entre les planètes, où Mars parle à Jupiter.

Le titre de « I Feel Alive » est-il à prendre comme une vraie déclaration ?

Oui, il exprime ce sentiment de se sentir apaisée et sereine en revenant avec ce disque, après cette pause et les cinq années de tournée. Je l’ai écrite en pensant aux paysages des Landes, cette région couverte de grands pins sous lesquels on se sent tout petit. J’avais envie d’écrire sur ça. Il y a aussi quelques morceaux dansants, très pop, comme « Cosmic Love », « Night Heights » ou « Take a Chance », que j’adore mélanger sur scène aux tubes des autres albums comme « Makeba » et « Alright ».

Depuis tes débuts, tu fais équipe avec Yodelice à la production, est-ce une complicité qui se renforce ?

En effet, ma collaboration avec Yodelice à la production s’est renforcée au fil du temps. C’est une complicité naturelle, car travailler avec lui fait partie intégrante de ma démarche musicale. Pour « The Fool » comme pour mes précédents albums, j’ai écrit toutes les chansons seule et j’ai conçu mes compositions de mon côté. Ensuite, j’ai créé des maquettes plus abouties qu’auparavant grâce à tout ce que j’ai appris à ses côtés. Je les lui ai fait écouter, puis nous avons discuté avant de les travailler ensemble dans son studio.

Yodelice m’a beaucoup aidée à enrichir les chansons et à améliorer leur production. C’est un véritable dialogue, nous formons un duo. Il a travaillé avec des artistes aussi variés que L5 et Johnny Hallyday, ce qui lui confère une culture musicale très étendue. Il n’hésite pas à répondre à mes demandes, même lorsque je lui demande par exemple un titre rock.

« The Fool » marque aussi dix ans de carrière, as-tu l’impression d’une étape qui compte ?

Dix ans de carrière, je ne me rends pas trop compte de ce que cela veut dire. J’ai l’impression qu’il marque un nouveau départ. Ce que je vois aussi autour, c’est l’émergence d’artistes féminines dans le paysage musical, comme Boygenius que j’adore. C’est très encourageant et inspirant, et ça donne envie d’en faire partie.

Mais tu en fais partie !

J’ai eu beaucoup de chance car quand j’ai démarré, je n’ai pas vraiment réfléchi à la langue, au public. Ça me semblait naturel de m’exprimer ainsi. Quand j’ai commencé à écrire, j’habitais au Congo et je voyais déjà la France de loin en me disant qu’il n’y avait pas qu’elle dans le monde. C’est pour ça que j’ai eu envie de chanter en anglais.

On imagine des retrouvailles émouvantes avec ton public. Quelles sont les nouveautés de cette tournée ?

C’est une première pour moi d’être accompagnée d’un groupe après toutes ces années seule sur scène. Ça donne un spectacle qui raconte l’histoire de l’album et qui reprend aussi tous les titres précédents qui ont marché. Ça revient à une sorte de voyage entre les trois albums. C’est vrai que la scène m’a beaucoup manqué. C’est un moment festif de partage de mes chansons, je suis tellement heureuse de la retrouver !

@jain-music.com

The Fool (Spookland / Sony Music) disponible.

En tournée :

Poitiers (Arena Futuroscope) le 10 novembre 2023 

Bordeaux (Arkéa Arena) le 17 novembre 2023 

Interview @p4sc4lbertin 

Crédit Photo : Manu Fauque