Élise noiraud
Fidèle à ses origines
Seule en scène, Élise Noiraud est à l’aise pourvu qu’il y ait des planches. Née à Niort, ado à La Mothe Saint-Héray, elle est rapidement montée à Paris pour se former et faire carrière. Après plus de dix ans, la reconnaissance du public s’est accompagnée de celle du métier avec une nomination aux Molières 2022 pour Le Champ des possibles. Elle n’est pas du genre à oublier ses racines, au contraire elle s’en nourrit avec avidité.
Qu’a représenté cette nomination aux Molières pour vous ?
C’était une reconnaissance de mes pairs, j’en suis vraiment contente. Nous étions 4 nominés sur les 50 spectacles éligibles. C’est une chouette validation par les gens du métier. Et puis l’événement a aussi de la valeur pour le public, il est retransmis en prime time à la télévision. Mais au fond ça n’a pas changé ma façon de travailler, l’essentiel de ma valeur ne s’est pas résumé dans cette soirée.
Pour quel spectacle avez-vous été consacrée ?
Pour Le Champ des possibles, le troisième chapitre d’une trilogie débutée en 2011 avec La Banane Américaine, où je parlais de mon enfance deux-sévrienne. J’ai poursuivi en 2016 avec Pour que tu m’aimes encore, un spectacle sur l’adolescence et les années collège.
Ce dernier volet parle de l’entrée dans l’âge adulte d’Élise, mon double fictif, qui quitte ses Deux-Sèvres pour rejoindre Paris. Le changement d’environnement, le fait de quitter sa famille sont des sources d’excitation et d’inquiétude. Pour moi, cette nomination était un peu la reconnaissance de ces dix années d’aventure.
Les Deux-Sèvres sont très présentes dans vos créations.
Mes spectacles rendent hommage à l’enfance en général. Quand tu es enfant, ton environnement est ton terrain d’aventures. Et pour moi c’était là, en Deux-Sèvres, et c’est très important pour moi. Lorsque je joue ici, c’est toujours spécial. Les gens ont les références. À Parthenay, j’ai retrouvé des copines dont je parle dans le spectacle. Il y avait même mon institutrice de maternelle. Mais je m’adresse à un public large, partout en France, urbain comme rural.
Peut-on parler de one woman show comique ?
Je préfère le terme de « seule en scène. » One woman show sous-entend l’idée de sketchs. Ce n’est pas non plus du stand-up. Je dresse une galerie de personnages avec le minimum d’accessoires. Sur chaque âge de la vie, j’essaie de trouver ce qu’il y a d’intrinsèquement drôle avec le recul et comment tu prends tout ça très au sérieux quand tu es dedans. Il y a aussi de la sensibilité et de la noirceur. Je parle de fragilité, de vulnérabilité. Certains y voient surtout le côté comique et pour d’autres, pour qui ça fait écho, c’est plus émouvant voire cathartique.
Quels sont vos projets ?
Je passe à la mise en scène d’une pièce avec sept comédiens. Les Deux-Sèvres sont toujours présentes indirectement puisqu’il s’agit d’une adaptation du film du Niortais Laurent Cantet, Ressources Humaines. Ce sont les mêmes thématiques qui m’animent : quelqu’un qui quitte son milieu et la fidélité à ses origines…
Crédits : Interview et texte par @Karl Duquesnoy