
Cécile Girardin
Cécile Girardin, historienne Deux-Sévrienne spécialisée dans l’histoire des sagas familiales entrepreneuriales s’essaie au roman historique. En bonne historienne, elle nous livre un peu de son passé pour mieux comprendre son actualité.
Avez-vous toujours eu cette passion pour l’histoire ?
Rien ne me prédestinait à cela. J’ai découvert l’histoire à l’université quand j’ai commencé à étudier l’histoire de l’art. Et cela fait maintenant bientôt 30 ans que je baigne dans l’histoire. D’abord historienne de l’art, je suis maintenant historienne économique depuis 15 ans. J’aide les entreprises familiales à mettre leur histoire sur le papier.
La vocation est donc venue pendant vos études supérieures ?
Oui. Après le BAC, j’ai fait un BTS Tourisme. C’est lors de cette formation que j’ai découvert l’histoire de l’art. Après mon BTS, je me suis inscrite en histoire de l’art que j’ai étudiée pendant 5 ans. J’ai ensuite travaillé dans le milieu culturel et du patrimoine. Puis, j’ai voulu me diriger vers ce qui me tenait vraiment à cœur : mettre en valeur notre économie via les histoires familiales entrepreneuriales. Qui connait l’histoire de la famille Boinot ? Partie de ce constat, j’ai eu 1, puis 2, puis 3 clients…et cela fait maintenant 15 ans que ça dure !
Comment vous est venue l’idée d’écrire un livre sur Port Boinot ?
C’est un livre issu du confinement. Mon activité habituelle était très ralentie et je me suis penchée sur une idée que j’avais depuis longtemps : écrire un roman. Là, j’ai pû consacrer 1 an de recherches puis 1 an d’écriture. Et pourquoi Port Boinot ? Parce que c’est un sujet important pour la ville et pour moi historienne. C’est un site qui renaît de ses cendres ! Alors, pour mon premier roman historique, j’ai inventé un personnage qui enquête et qui est encore plus têtu que moi !
Je vous ai vu sourire à l’énoncé de Port Boinot ?
Oui, car pour un historien, ce nom n’a aucun sens. Le port ne s’est jamais appelé Boinot. Ce sont les bâtiments industriels de la ganterie qui s’appelaient comme cela. Mais en terme de communication, c’est très bien trouvé et très vite rentré dans les habitudes niortaises. C’est même devenu le titre de mon roman. Quand j’ai commencé à écrire, le site était en fin de réhabilitation et je me suis aperçue que son histoire et celle des familles de gantiers était méconnue. Ecrire ce roman historique, c’était donc une façon de « remettre les pendules à l’heure »
Vous intéressez-vous au passé de Niort depuis longtemps ?
Je m’y intéresse forcément de par les livres que j’écris. Je travaille auprès d’entreprises niortaises ou Deux-Sévriennes. J’ai ainsi accumulé une connaissance sur la vie économique de la région du vingtième siècle jusqu’à aujourd’hui et je considère tous les bords de la Sèvre comme la première zone industrielle niortaise : la Sèvre a attiré les chamoiseries, le travail de la peau ayant besoin de beaucoup d’eau.
A l’instar de la Brèche il y a quelques années, est-ce que Port Boinot est devenu le nouveau poumon dont la ville de Niort avait besoin ?
La Brèche est un lieu très attirant car c’est un réel poumon vert et économique de la ville. Auparavant, c’était le lieu des foires aux bestiaux, des foires annuelles. C’était une zone de passage important avec un brassage humain et animal. J’aurais pu écrire sur elle, mais j’ai préféré Port Boinot. En regardant la création d’une ville sur le long terme, il y a le centre-ville et les zones autour qui prospèrent ou déclinent dans la chronologie. Le Port-Boinot est situé dans les faubourgs, en dehors de la ville fortifiée. Avec le temps, ce lieu se retrouve englobé dans la ville, quoique toujours encore un peu en marge.
Est-ce que d’autres quartiers de Niort devraient connaître la même mise en valeur comme celle dont Port Boinot a bénéficié ?
Niort est en train de connaître de grandes modifications de son urbanisme, comme elle en a déjà connu tout au long de son histoire. Il y a 100 ans, il y a eu la création des ponts pour relier le faubourg à la ville. Plus récemment, il y a eu la réhabilitation de la Brèche. Je pense que, plus on connaît l’histoire de sa ville et plus on l’aime au présent ! Quand on aime quelque chose, on s’en sent plus proche et j’espère que mon livre participera à cet attachement à la ville.
Mais dans votre livre, vous remontez bien au-delà des chamoiseries ?
En réhabilitant les usines Boinot, les archéologues ont trouvé des traces d’un site antique datant de l’époque gallo-romaine et notamment une statue de la déesse Epona. Je ne pouvais pas passer à côté dans mon livre. Plus on remonte les pages, plus on plonge dans le passé, mon personnage cherchant le moment zéro du Port Boinot.
Qui est ce personnage que l’on suit dans votre roman et quelle est sa quête ?
C’est une femme généalogiste successorale passionnée par ce qu’elle fait. Elle travaille auprès des notaires pour retrouver les héritiers perdus. Elle s’intéresse à tout, à la nature, aux animaux qui l’entourent. Elle est surtout très tenace et remue ciel et terre pour trouver des réponses. Mon livre est une dédicace à tous les chercheurs qui passent leur temps à chercher, y compris quand ils ont trouvé. J’aimerais maintenant la faire revivre dans d’autres romans, qu’elle reparte en quête et qu’elle dévoile ainsi un autre aspect historique de la ville.
@cecile_girardin
Interview @mateo.lapeyre
Crédit photo : @realkafkatamura