AYO
Le corps et l’âme
Fin septembre, la musicienne allemande Ayo sera de retour avec un septième album, Mami Wata. L’artiste fait avec nous le point sur ce disque, ses thématiques et ses inspirations.
Après avoir vécu en Europe et aux Etats-Unis, vous êtes désormais installée à Tahiti. Comment ce lieu vous inspire-t-il ? L’écriture y est-elle différente ?
Je ne sais pas si l’écriture est différente, parce que ça vient du même endroit : mon âme. La seule chose qui est différente, c’est comment je la nourris. Je dis toujours que quand je fais des chansons, ce n’est pas moi qui écris, c’est l’univers qui me donne plein de cadeaux. C’est ce qui touche mon âme qui ressort, et à Tahiti c’est très profond. En arrivant ici, j’ai ressenti que j’étais très loin du reste du monde, c’était un endroit neutre. Je me sens en sécurité, je peux parler de ce que je veux, c’est tellement positif, les gens sont tellement gentils. J’y ai vécu de très belles choses, et ça m’a vraiment inspirée.
On sent que vos paroles sont très proches de la nature, proche de laquelle vous vous trouvez. Parlez-moi des thématiques de cet album.
C’est vraiment différent du disque précédent, pour lequel j’étais vraiment dans l’ombre, et c’est le disque qui m’a amenée dans la lumière. J’étais presque en dépression, pas bien du tout. Pour ce disque-là, j’étais déjà dans la lumière, et même plus que je ne l’ai jamais été. Les morceaux parlent beaucoup de l’amour que j’ai pour la nature, l’océan, la simplicité de la vie, le partage. On a beaucoup plus besoin de tout ça que de l’argent ou de choses matérielles. Pour moi, la réussite ne se voit pas aux vêtements que tu portes, la voiture que tu conduis ou la maison dans laquelle tu habites. Pour moi, la vraie réussite, c’est quand tu te sens bien, et complète. Ce disque, c’est ça, c’est simple. Peut-être le disque le plus simple que j’aie jamais fait, mais peut-être aussi le plus profond.
Pour finir, un mot sur le titre : vous avez choisi Mami Wata, en référence à une divinité de la religion Vodun. Pourquoi cela ?
Le titre était évident pour moi, je ne l’ai pas cherché, ça devait être Mami Wata. J’ai passé ces dernières années plus dans l’eau que sur scène ou ailleurs, alors c’était clair que je voulais dédier ce titre à l’océan. Mami Wata, en Afrique, et surtout au Nigéria, c’est la déesse de l’océan. C’est une énergie féminine, et sur ce disque je parle aussi beaucoup des femmes. Je trouve ça incroyable qu’en français on dise “la mer” et “la mère”, ce sont des mots forts et je trouve ça très juste. La vie commence dans l’eau avant la naissance, dans le liquide amniotique. Chaque mère a un océan en elle.
@ayomusic
MAMI WATA, sorti le 20 septembre 2024 (disponible)
04/10 @Hangar (Niort) COMPLET ; 06/11 @Republic Corner (Poitiers)
Interview @kellyleguen
Photos @DR