Arnaud Vrech
Ne pas se laisser abattre
Du monde réel à la scène. Avec « Hervé Guibert » (d’après le roman « A l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie », d’ Hervé Guibert), sa première pièce autour du sida, l’espoir et le découragement qui en découlent, Arnaud Vrech, le directeur artistique du Collectif Aubervilliers, s’emparait déjà de la vie, la vraie, pour la transposer dans le monde du théâtre. Il récidive avec « Footballeur », inspirée de l’histoire personnelle de son grand frère Stéphane. Jeune footballeur professionnel, il découvre qu’il est atteint d’une maladie rare et génétique qui lui fera perdre la vue à terme, la rétinite pigmentaire, alors qu’il est recruté aux Chamois Niortais au début de sa carrière professionnelle. Une histoire dont Arnaud Vrech, metteur en scène et scénographe sur ce spectacle en coproduction avec le Studio-Théâtre de Vitry, le Gallia Théâtre Cinéma de Saintes, Le Moulin du Roc de Niort et la Comédie de Béthune, a confié l’écriture à Simon Diard pour raconter la résilience, les liens fraternels…
Pourquoi avoir voulu raconter l’histoire de votre frère ?
Ce projet est né en 2019. J’avais 17 ans lorsqu’on lui a diagnostiqué cette maladie en 2007. Je me souviendrai toujours du moment où il a appelé ma mère pour lui annoncer la nouvelle. Le monde s’écroulait pour lui, et pour la famille. L’idée, c’était de s’emparer d’une mauvaise nouvelle et d’en prendre le contrepied. Comment ne pas se laisser happer par la maladie et rester actif.
Comment va votre frère aujourd’hui ?
Il vit toujours à Niort. Il avait intégré pendant deux saisons l’équipe cécifoot du Havre avec laquelle il a participé aux championnats de France. Puis il a renoncé au foot et a suivi une formation pour devenir kiné à Limoges, pendant cinq ans, dans une école spécialisée pour les non-voyants et les malvoyants. Il exerce désormais. Et la progression de la maladie continue.
Trompette, trombone et cor… Il y a trois musiciens sur scène, l’ambiance se veut joyeuse malgré tout.
On vient du Lot-et-Garonne. Cette musique évoque les souvenirs familiaux, les arènes sportives, cela symbolise l’optimisme, la vie. Le trompettiste Flavio Mendes est d’ailleurs non-voyant.
La pièce se déroule dans un espace clos.
On a recréé un espace qui suggère un vestiaire, mais ça pourrait être une salle d’attente d’hôpital. Ça se passe lors d’un tournoi entre villages. C’est important d’amener de la vie. C’est ce que je veux faire avec cette pièce : refuser l’abattement.
CRÉDITS :
Interview @JDelrieux
Photos @Charles Leplomb