waly dia
Accordez-lui une heure, il s’occupe du reste !
En tournée avec son nouveau spectacle « Une Heure à Tuer » Waly DIA est l’un des phénomènes humour à ne pas manquer ! Militant, provocant et séduisant, il sera à l’Acclameur de Niort le 15 Mars et au Palais des Congrès de Poitiers le 11 Avril 2025.
Comment définiriez-vous votre nouveau spectacle ?
C’est un spectacle que j’ai construit avec le public. C’est comme ça que je fonctionne maintenant, je pars en tournée d’impro un an avant. Je me suis rendu compte qu’il y avait un gros mécontentement général dans ce pays. J’aime les problèmes et être dans les sujets compliqués, qui divisent… Je traite du féminisme, racisme, sexisme, les conflits à travers le monde, du gouvernement… Toute l’actualité qui nous étouffe.
Vous avez un public éclectique, la plupart de vos spectacles sont complets, comment expliquez-vous l’engouement qu’ont les gens pour vous ?
Je pense que c’est une combinaison de plein de choses, ça fait longtemps que je suis là, j’essaie de fournir des spectacles de qualité, les gens reviennent, je fais ça le plus sincèrement possible. Une confiance s’est créée entre eux et moi.
Avec du recul maintenant, quel est votre ressenti face à la « fameuse » polémique sur l’affiche de votre spectacle ? (Il y avait des blagues tatouées sur votre visage…)
Mon ressenti est le même qu’à la minute où j’ai appris cette fameuse neutralité politique dont se targue la RATP avec un ancien premier ministre qui en est le chef. Ça montre vraiment la faiblesse de ce pouvoir, qui a peur de vannes. À partir du moment où on est un gouvernement qui a peur de blagues, ça veut bien dire qu’on est sur des bases absolument fragiles. Si avec des blagues j’ai réussi à leur faire peur, Poutine doit bien rigoler !
Est-ce que parfois vous vous censurez sur certains sujets qui peuvent être « tabous » ou vous êtes dans une liberté totale ?
L’expérience a prouvé que je pouvais aller sur tous les terrains. Maintenant je ne suis pas dans la provocation gratuite. Je ne connais pas le tabou. Quand je ne suis pas très sûr de moi sur un sujet, j’attends, je ne suis pas pressé. Personne n’attend mon avis dans l’heure. Je prends mon temps.
Vous avez donc une vraie liberté ?
Ça dépend où je vais… Par exemple sur France Inter, on croyait qu’on l’avait, la liberté et, au final, on ne l’a pas eu… Ce n’est jamais moi la censure, il y en a assez ailleurs.
Quel est votre regard sur la société culturelle d’aujourd’hui ?
La culture aujourd’hui c’est quelque chose qui essaie d’être contrôlé par l’État. Chacun fait son petit souverain, alors que la culture appartient aux gens. On n’est plus au Moyen-Âge, ça me dérange énormément.
Selon vous, comment pourrait-on réussir à retrouver cette liberté culturelle ?
La liberté elle vient des gens. N’importe quel artiste qui reste libre, soutenez-le, c’est important. Et le développement des médias indépendants, c’est crucial aujourd’hui. On voit bien que si c’est des médias publics, la durée de vie est limitée et que les médias privés pensent comme le milliardaire qui les détient. Il faut d’urgence des médias indépendants pour retrouver cette liberté de ton.
Vous êtes un artiste engagé, pourquoi est-ce important pour vous d’être engagé ?
Je ne me considère pas comme engagé, je fais des vannes je ne sauve pas des vies. Je suis un humain comme tout le monde et j’ai un avis. Pour moi, les hommes politiques sont engagés, ils ont pris des engagements qu’ils doivent tenir et ce n’est pas ce qu’ils font. (rires)
Comment vous vous définiriez du coup ?
Je suis lucide et conscient de ce qui m’entoure. Je suis un artiste qui réalise peut-être un peu plus vite sur certains sujets et certaines choses par habitude. Je ne fais pas semblant d’être dans une autre réalité. Je suis dans ma réalité et j’ai surtout envie d’en rire.
Dans quel état d’esprit êtes-vous avant de monter sur scène ?
Je suis serein. J’ai compris qu’il ne faut pas changer ce qu’on est entre la scène et la vie. Je suis de plus en plus proche de moi-même.
Êtes-vous heureux du chemin que vous avez parcouru ces dernières années ?
Oui, ça fait un moment que je suis là, ce n’est pas donné à tout le monde de rester aussi longtemps. La longévité dans la carrière d’un artiste je crois que c’est le plus dur. C’est dur de rester et de ne pas lâcher, beaucoup de travail et de sacrifices qui font que certains parfois préfèrent arrêter… Pour moi, je n’ai construit que la base de quelque chose. Dans ma tête ce n’est pas fini.
Vous vous êtes fixé des objectifs à atteindre ?
J’ai des objectifs à court terme comme terminer ma tournée, écrire mon film ou encore un livre. J’ai envie de changer un peu de support ça me permettra de m’amuser sur d’autres terrains et c’est déjà en cours. Il n’y a pas un jour où je n’écris pas.
Quand on me dit : vous vous voyez où dans 10 ans ? Je dis que si je suis là c’est déjà bien, on verra le reste après.
CRÉDITS :
Interview @CoralieLedoux
Photos @David DELAPLACE