Saint-Maixent à l’école du changement

Saint-Maixent à l’école du changement

La petite ville du Haut Val de Sèvre, à 20 kilomètres de Niort, a longtemps fait figure de belle endormie un peu spéciale, avec ses belles bâtisses et son école militaire. L’arrivée d’une nouvelle équipe municipale, aux côtés du jeune maire Stéphane Baudry, a rebattu les cartes et lui a redonné un élan de fraîcheur citoyenne.

« Nous sommes à la fin d’un grand cycle historique… Il y a eu de nombreuses désillusions. Dans un monde aux ressources finies, nous ne pouvons pas continuer ainsi. »

Il y a des choses qui semblent ne jamais devoir changer, comme la loi de la gravité ou le blues du dimanche soir. C’était le cas de l’exécutif de Saint-Maixent l’École, dirigé par l’immuable Léopold Moreau, maire LR depuis 1989, une autre époque. Alors, bien sûr, l’élection d’un jeune loup comme Stéphane Baudry au premier tour des élections municipales de mars 2020 a créé comme un petit séisme politique dans les rues de la « belle endormie » du Haut Val de Sèvre. La liste « Parce que c’est possible« , une sorte de version sud Deux-Sèvres de « Yes you can« , a remporté les suffrages de la majorité des Saint-Maixentais prêts à croire au changement. Élu à l’âge de 29 ans, il est le plus jeune maire des Deux-Sèvres et l’une de ces figures qui ont renouvelé le personnel politique un peu partout en France. « Nous sommes à la fin d’un grand cycle historique », explique le professeur d’histoire-géographie en disponibilité. « Le système démocratique correspondait à cette période, mais il y a eu de nombreuses désillusions. Dans un monde aux ressources finies, nous ne pouvons pas continuer ainsi. Le changement repose sur la prise de conscience d’une partie des gens qui pensent qu’il faut essayer de nouvelles choses. »

« L’image était très négative. Quand on aime sa ville, c’est difficile d’entendre tout ça. »

Après avoir quitté sa ville pendant quelques années pour étudier à Poitiers, Stéphane a eu l’occasion de percevoir sa ville de l’extérieur. « Il ne se passait pas grand-chose en termes d’animations culturelles, de dynamisme. Les gens partaient, l’image était très négative. Quand on aime sa ville, c’est difficile d’entendre tout cela. Au lieu de me plaindre dans mon coin, j’ai décidé de m’engager pour la collectivité », explique-t-il. Le travail de conquête a commencé bien avant la campagne électorale. Johanna Albert, actuelle adjointe à la vie culturelle et ancienne élue de l’opposition, se souvient : « Les premiers contacts avec Stéphane ont été établis vers la moitié du mandat précédent. Nous pensions qu’il n’était plus possible de continuer ainsi avec le potentiel de la ville. Ensuite, le cercle s’est progressivement élargi. » Inspirés par leurs expériences variées au sein des associations locales et imprégnés pour la plupart des valeurs de l’éducation populaire, les membres de la liste ont adopté une approche basée sur la concertation, la transparence, l’esprit collectif et l’horizontalité dans la prise de décisions. « Dans le contexte global de désillusion, nous avons à cœur de montrer que la politique peut être un acteur, un moteur, et qu’elle peut tenir ses promesses sans décevoir », affirme Stéphane. L’équipe au pouvoir se veut ouverte et citoyenne, bien que sensible à la question écologique. « Nous sommes une génération qui a été nourrie des rapports du GIEC. Nos politiques publiques, nos décisions et nos perspectives budgétaires sont conçues dans cette optique. Les changements se produisent au niveau local, et nous avons notre rôle à jouer« , souligne-t-il.

Depuis près de trois ans, Saint-Maixent « prend sa part ». Les mobilités douces ont été à l’origine du projet. « 23 % des personnes en âge de conduire n’avaient pas accès à la mobilité. » Le Fil, un bus électrique gratuit, circule désormais dans la ville. Des spectacles et des événements sportifs égayent l’agenda municipal. Des conseils de quartier ont été créés, accompagnés de budgets participatifs et de la mise en place de commissions extra-municipales réunissant à la fois des élus et des habitants sur des thématiques telles que la condition animale, l’écologie et la démocratie participative. « Cela nous permet d’échanger avec les gens, de coconstruire. Cela enrichit notre réflexion. » Sur d’autres sujets sensibles, comme la question de la circulation, « nous acceptons les phases d’expérimentation et nous n’hésitons pas à changer d’avis en fonction de l’expérience vécue par les gens, qui éclaire nos décisions. »

« Nous acceptons les phases d’expérimentation et nous n’hésitons pas à changer d’avis en fonction de l’expérience vécue par les gens ».

Saint-Maixent-l’École semble enfin pouvoir exploiter son potentiel immobilier au charme ancien, voire désuet. Située à vingt kilomètres de Niort, la commune bénéficie de la saturation de la préfecture des Deux-Sèvres et de sa première couronne. La population augmente, tout comme les prix. « Et nous avons la chance d’être à seulement 1h45 de Paris en TGV. » Une vague de télétravailleurs franciliens a découvert récemment les charmes de la vie au vert ici. « Il y a de belles maisons de maître dont on ne soupçonne pas l’existence, avec des jardins en plein centre-ville à des prix compétitifs », précise Stéphane Baudry, ajoutant : « Saint-Maixent couvre une superficie de 5 km² : un tiers est occupé par l’ENSOA (école de sous-officiers de l’armée), une partie est en zone inondable, il reste donc 3 km² pour loger les 7 400 habitants. » La densité de population est élevée dans cette cité médiévale aux rues étroites. « Nous nous trouvons face à des problématiques de ville moyenne au cœur d’un monde rural. Cela modifie considérablement les perspectives urbaines. » Pour maintenir cette dynamique, les responsables de Saint-Maixent ont dû renouer des liens distendus avec leurs partenaires institutionnels tels que l’État, l’école militaire et l’Architecte des Bâtiments de France. « Nous avons besoin de tout le monde, à tous les niveaux, pour avancer. »

@StephaneBaudry7

@saint-maixent-lecole.fr 

Interview : @karlduquesnoy

Crédit photo : @realkafkatamura