Entretien Potoczny / Delvaux
Quand l’impro s’en mêle
Profitant d’un match d’impro France/Belgique sur Niort, nous avons proposé à Igor Potoczny, directeur artistique et comédien d’Aline&Compagnie et Gilles Delvaux, metteur en scène et directeur de la compagnie belge Tadam de prendre un café. Ils ont accepté, à quelques heures de monter sur scène, de répondre à nos questions.
Aujourd’hui, c’est un peu comme des retrouvailles ?
Gilles : Tout à fait. Avec Igor cela fait une décennie qu’on se connaît et c’est bien évidemment le théâtre d’improvisation qui nous a réunis. Notre première rencontre c’était à Genève, en 2010, sur un événement international. Misère, ça ne nous rajeunit pas ! On s’est aussi vu sur un mondial à Strasbourg et à Niort, en 2019, pour une première France/Belgique. L’idée de se retrouver m’a donc enthousiasmé. Quand on aime, on ne compte pas !
Qui va gagner ce soir ?
Igor: Nous, bien sûr! Non, blague à part, peu importe et ce n’est surtout pas le but du théâtre d’improvisation. Mais du coup, ce qui est compliqué pour beaucoup de comédiens improvisateurs, c’est de décaler l’état d’esprit. Le comédien doit jouer la compétition sans pour autant le faire. Et après c’est aux spectateurs de décider.
Dans le mot Impro, il y a improvisation ! Alors ça se prépare ou pas ?
Gilles : Oui, il y a énormément de préparation, toute l’année… mais on ne sait pas au final ce qu’on va raconter le jour J. En impro, comme dans un sport collectif, il faut travailler nos réflexes de co-construction, de mise en scène en temps réel et nos talents de storytellers. On travaille des personnages et on développe le jeu d’acteur pour être capable de jouer toute une palette d’émotions et d’intentions. Une fois sur scène, on se concentre sur le moment présent et sur ses partenaires de « jeu ».
Igor : Un improvisateur doit bosser ses gammes comme un pianiste ou un violoniste. Arrêter de s’entraîner c’est prendre le risque de perdre l’inspiration. Le théâtre d’impro c’est avant tout du divertissement. Mais pas que…
Gilles : L’impro c’est un outil que l’on peut s’approprier pour faire autre chose. Les techniques de l’improvisation sont de formidables clés comportementales pour mieux communiquer et développer son lâcher prise. « Pas de stress », « on verra bien », « on s’en sortira » ! Plus on improvise, plus on travaille son rapport à l’erreur, son écoute et son adaptation aux imprévus. D’ailleurs, c’est tellement efficace qu’on utilise les outils de l’impro pour animer des formations en entreprise sur ces thématiques là. L’impro c’est à la fois un outil et un produit fini.
Igor: Cela fait une vingtaine d’années que je me questionne sur comment adapter les techniques du théâtre d’impro à d’autres univers. Je n’aime pas trop la facilité dans cette pratique. Il existe une telle richesse à travers toutes les personnes qui pratiquent l’impro qu’il est possible de faire une multitude de choses. Nous, au sein de la compagnie, la chose qui m’intéresse vraiment c’est l’écriture dramaturgique et c’est d’autant plus adapté quand le texte n’est pas écrit. On peut également amener les spectateurs à se questionner sur des questions philosophiques, implicitement… C’est aussi un spectacle dans lequel on peut donner aux spectateurs une vague idée de ce qu’est Shakespeare, Kafka… on peut amener un peu de culture.
Y’a quoi dans votre planning ?
Igor : Toute l’année, la troupe Aline&Compagnie sillonne la région Poitou-Charentes en proposant bien sûr, du théâtre d’improvisation, discipline pour laquelle nous sommes reconnus mais nous poursuivons notre travail vers d’autres formes de créations artistiques improvisées : Nos Vies, L’Inattendue, Fond de Tiroir… On propose également des stages pour un public amateur, adolescents et adultes. Transmettre notre savoir-faire est un pilier fort de notre compagnie.
Gilles : Bon, déjà, pour nous revoir il faut venir à Bruxelles ! Et comme Aline&Compagnie, Tadam propose d’autres formes théâtrales que l’impro, toute l’année. Par essence, l’improvisation théâtrale permet de s’adapter à tous types de situation. De ce fait, nos interventions peuvent se faire sur mesure et s’adapter au mieux aux demandes qui nous sont faites. J’aime la variété des projets.
Crédits :
Interview @Amélie FC
@alineetcompagnie
@tadam