Johann Le Guillerm « L’essence du cirque, c’est de montrer ce qui n’a jamais été fait »

Johann Le Guillerm
« L’essence du cirque, c’est de montrer ce qui n’a jamais été fait »

Architecte, sculpteur, plasticien : Johann Le Guillerm est surtout un inventeur, si curieux et imprévisible que certains le considèrent comme le « Léonard De Vinci du cirque contemporain ». Quelques semaines avant la représentation de Terces lors du Festival au Village, rencontre avec celui qui refuse d’être considéré comme un circassien.

On définit souvent ton travail comme du cirque expérimental : cela te convient ?

Là où le cirque est systématiquement associé à des éléments précis, presque figés, (le chapiteau, les acrobaties, le nez rouge, etc.), je prône une autre approche, nettement plus dans la recherche que dans une logique commerciale. Ce qui m’anime, c’est de prendre des chemins que personne n’a encore emprunté, de définir le cirque comme un espace où rien n’est caché, où tout est centre du spectacle. Alors, oui, on peut dire que je suis dans une démarche expérimentale.

N’est-ce pas trop frustrant d’évoluer dans un genre artistique que l’imaginaire collectif rattache à un univers très différent de celui que tu défends ?

C’est justement parce que le mot « cirque » est dévoyé que je me considère moins comme un circassien que comme un praticien de l’espace des points de vue, un artiste qui évolue à l’intérieur d’un espace dédié à l’ensemble des pratiques minoritaires. Celles-ci ne sont pas définies, elles peuvent être mouvantes, disparaître de la pratique circassienne une fois devenue trop populaires. L’essence du cirque, selon moi, c’est précisément de montrer ce qui n’a jamais été fait, ou ne se fait plus.

Ce principe de réinvention constante est d’ailleurs ce qui a guidé la création de Terces, un spectacle en continuelle mutation depuis plus de quinze ans…

Le principe de Terces est effectivement de ne jamais se répéter : tous les sept ans, la moitié du spectacle est totalement renouvelée. Je fonctionne évidemment à partir d’une base de données, je réutilise parfois un quart du précédent spectacle ou de l’avant-dernier, mais l’idée est d’élargir en permanence l’espace de jeu afin que le chapiteau ne soit qu’un détail, que tout puisse s’y passer à l’intérieur : de la sculpture, de la calligraphie, etc.

Cet été, tu es programmé au Festival au Village, à Brioux. Quel regard portes-tu sur cet évènement, que tu connais bien pour y avoir déjà participé à plusieurs reprises par le passé ?

Disons que ce festival est un exemple d’action citoyenne : il est organisé par les bénévoles du village et parvient chaque année à ramener des pointures internationales. C’est impressionnant, c’est rare, et c’est important de le souligner. C’est toujours avec un réel plaisir que je viens performer ici.

CRÉDITS :

interview : Maxime Delcourt