GoGo Penguin De Plus Belle
EXCLU WEB MUSIQUE

GoGo Penguin
De Plus Belle

Le trio de Manchester débarque cet été pour le Niort Jazz Festival. Nouveau batteur, nouveau label
: la période COVID ne fut pas sans turbulences pour les GoGo Penguin. Mais après ces étapes
tourmentées, Chris Illingworth (le pianiste) et Nick Blacka (le bassiste) sont prêts pour de nouvelles
envolées jazzy breakbeat et nous rassurent via le titre de leur dernier album : “Everything Is Going
to Be OK”.

Quel est votre sentiment à l’idée de revenir jouer en France ?

Chris Illingworth : Nous avons hâte de venir à Niort pour ce concert et présenter notre album. On adore tourner en France, c’est toujours très joyeux. Nous avons une belle communauté de fans ici. En vérité, c’est un peu notre seconde maison.

Comment anticipez-vous un concert à l’extérieur, comme ici au parc du Pré-Leroy ?

Chris Illingworth : Depuis nos débuts il y a 10 ans, nous avons eu la chance de jouer dans toutes sortes de lieux : des clubs rock ou dance, des festivals, des scènes en extérieur… On est habitués à préparer notre soundcheck et voir comment les choses se passent. Avec le Niort Jazz Festival, on sent qu’on a affaire à un beau cadre, à une belle atmosphère pour jouer, en particulier durant l’été quand il fait beau temps.

Avez-vous du temps pour assister à d’autres concerts ?

Chris Illingworth : On en a parfois l’occasion quand quelqu’un joue juste avant ou juste après nous. Par exemple, il y a quelques années, nous avons pu discuter avec le bassiste Avishai Cohen et le musicien électro Jon Hopkins. Ça fait du bien de souffler un peu et de rencontrer des artistes avec une culture et un background musical différents. Même si hélas, la plupart du temps, nous devons partir pour jouer ailleurs, prendre l’avion…

Votre troisième extrait du nouvel album s’intitule “Friday Film Special” et il me semble que vous
avez composé une musique de film. Pouvez-vous nous détailler vos liens avec le 7e art ?

Chris Illingworth : On nous a contacté pour faire la bande originale de ce film français, “Memento Mori” (réalisé par Jean Heches, sorti au cinéma en mai dernier, ndlr). C’était une nouvelle aventure pour nous, différente d’un album où nous sommes habitués à partir d’une page blanche. Ici les images étaient déjà tournées, il s’agissait d’augmenter l’émotion du matériel visuel. C’était très enrichissant et, heureusement, Nick parle mieux français que moi [rires].


Nick Blacka : Quant à “Friday Film Special”, c’est le nom d’un programme de la BBC qui diffusait des films pour enfants. Créé dans les années 50, je crois qu’il a duré jusqu’au début des années 90. Et comme on avait envie d’un son plutôt nostalgique, je me suis souvenu de mon frère regardant cette émission. Les personnages du film portaient alors des costumes très “années 1970” donc ça collait bien avec le côté rétro que l’on cherchait.

“Nous faisons de la musique le plus librement possible.”

Jazz, trip-hop, électro… Comment définiriez-vous votre son ?

Chris Illingworth : On a du mal à le faire [rires]. Le but de la musique est finalement de véhiculer des émotions sans utiliser de mots. Nous ne ressentons pas ce besoin de définir les choses. Quand on est jeune, on se pose encore plus ce genre de questions : “J’ai le droit de faire ça ainsi ?” “Que vont penser les autres ?” Cela engendre des limites et nous n’en voulons pas, hormis celles que nous nous imposons. Il se trouve que nous créons en empruntant à la littérature, à toutes sortes d’histoires et d’expériences dans nos vies. Les genres musicaux, tels qu’ils sont définis, ne sont que des descriptions et n’apportent pas grand chose. Aujourd’hui les gens peuvent tendre une oreille sur Spotify et rapidement savoir si notre son les intéresse et leur plaît, au-delà de l’étiquette “jazz” qu’on peut nous coller.


Nick Blacka : Nous avons eu la chance de ne jamais ressentir cette pression à rentrer dans une case. Notre nouveau label nous offre le même fonctionnement. Pour être honnête, c’est durant le confinement que nous avons réfléchi à notre carrière. Nous avons cherché à sortir du cycle “enregistrement-sortie-tournée”. Les contraintes, au final, viennent surtout de nous-mêmes.


Chris Illingworth : On aime toujours fabriquer des albums, mais c’est vrai que ce temps inattendu nous a permis de nous pencher sur des projets différents : des EP, des remixes, la B.O. de ce long- métrage dont on a parlé… Cela nourrit la créativité et permet de tester des choses qui viennent enrichir notre travail. Depuis 2020, je dessine également les visuels des albums. C’est drôle car le design m’a toujours attiré en plus de la musique, mais je gardais ça pour plus tard. Je me suis approprié cette étape de création, en collaboration avec Nick, sans oublier que les designs les plus simples sont souvent les meilleurs. Le proverbe dit de ne pas juger un livre à sa couverture, mais il faut reconnaître que la pochette contribue à l’attrait d’un album.


Nick Blacka : Chris et moi avons toujours saisi l’importance de cet aspect visuel. C’est super qu’il s’en charge désormais, on aurait dû faire ça plus tôt [rires].

Crédits :

Interview : Arnaud Trouvé
Crédit photo : Emily Denisson
Album : « Everything Is Going to Be OK » (XXIM Records)
Concert : Niort Jazz Festival 28 Juin 2023