« Engagement féminin »
L’union fait la force
Pour donner les mêmes chances aux danseuses africaines qu’à leurs homologues masculins, les danseurs et chorégraphes burkinabés Auguste Ouédraogo et Bienvenue Bazié de la compagnie bordelaise Auguste-Bienvenue ont créé « Engagement féminin ». Un programme de formation, de création et de diffusion qui encourage l’émergence d’artistes féminines sur le continent africain. L’une d’entre elles, Salamata Kobré, est venue présenter son travail à La Rochelle il y a quelques mois.
« La culture demande aux femmes de rester au foyer. Être sur un plateau, c’est mal vu car c’est s’exposer »
« On s’est rencontrés dans la compagnie artistique Le Bourgeon du Burkina avec Auguste Ouédraogo. Au début, nous étions autant d’hommes que de femmes. Mais au fil des années, on s’est aperçu qu’il y avait de moins en moins de femmes en phase de professionnalisation », se souvient le danseur et chorégraphe burkinabé Bienvenue Bazié. C’était le cas au Burkina Faso mais également dans les autres pays d’Afrique.
La raison à cela ? Pour le chorégraphe, les freins sont culturels. « Ce n’est déjà pas facile pour un homme d’être un artiste. Le théâtre, ça passe encore, mais la danse…, ce n’est pas considéré comme un métier. » Et c’est encore plus difficile pour les femmes. « La culture demande aux femmes de rester au foyer. Être sur un plateau, c’est mal vu car c’est s’exposer. »
Avec Auguste Ouédraogo avec qui il fonde en 2000 la compagnie Auguste-Bienvenue, désormais basée à Bordeaux, il décide donc de créer, en 2008 au Burkina Faso, un programme de formation, de création et de diffusion pour accompagner les danseuses professionnelles.
« Engagement féminin » permet ainsi aux femmes d’échanger sur les difficultés qu’elles rencontrent, notamment avec le Réseau Engagement féminin (REF). Une centaine de danseuses de 15 pays d’Afrique ont participé aux formations et aux ateliers.
Parmi les chorégraphes accompagnées, Salamata Kobré a présenté son solo « Moom » à La Rochelle, à l’espace Bernard-Giraudeau, au printemps dernier, dans le cadre de l’événement « Corps engagés », organisé conjointement avec l’Institut des Afriques basé en Gironde et la structure rochelaise de développement de projets culturels et cosmopolites Café blanc et dont la prochaine édition aura lieu en mars 2024.
« « Engagement féminin » m’a encouragée. Au Burkina Faso, la femme artiste est considérée comme une prostituée », explique la danseuse chorégraphe.
Mais Bienvenue Bazié est confiant. Petit à petit, les mentalités évoluent. « Ces femmes porteuses de projets chorégraphiques sont des exemples motivants pour les générations à venir. »
CRÉDITS
www.facebook.com/engagementfeminin
Interview @JDelrieux
Crédit photo : Jean Doucet ou Julien Barraud