Bab el Raid De la Charente-Maritime au Maroc


Bab el Raid
De la Charente-Maritime au Maroc


Des associations caritatives, des habitants, des commerçants, des élus… Il y avait foule au pied du fort Vauban pour un dimanche d’hiver le 11 février 2024 à Fouras, à une trentaine de kilomètres de La Rochelle. Au total, plus de 5 000 personnes sont venues soutenir le départ des 120 équipages engagés à la 8e édition du Bab el Raid, un rallye automobile dans le désert marocain pour deux-roues motrices, créé par l’agence Maïenga (Rallye Aïcha des gazelles du Maroc). 

Parmi eux, deux équipes de Fouras : la team 93 « Vapava » de Charles Baufumé et d’Alain Guérin, et la team 238 « Habibi Fouras » (traduisez par « Mon amour Fouras ») de Romane Ardouin, chargée de l’événementiel à la mairie de Fouras, et de Magalie Cacheux, responsable du service écoles enfance jeunesse. Les deux femmes ont partagé leurs aventures sur les réseaux sociaux. Et ont accepté de revenir sur leur participation en échangeant à bâtons rompus autour d’un café à l’hôtel restaurant Le Galet bleu, l’un de leurs sponsors fourasins.

Pendant sept ans, le Bab el Raid a été organisé à La Rochelle. Comment est-il arrivé à Fouras ?

Danielle Bridier : Lors du départ de l’édition 2023 de La Rochelle, Christelle Egreteau, la déléguée générale de Cœur de gazelles ( qui met en place des actions solidaires, NDLR), m’annonce que la ville ne veut plus de cet événement automobile. Elle mentionne Châtelaillon-Plage comme ville d’accueil possible. Et moi, conseillère municipale de la commune, je lui réponds : « Et pourquoi pas Fouras ? »

Romane Ardouin : C’était l’opportunité de faire venir des gens en février à Fouras, en basse saison, et de mettre un coup de projecteur sur la commune.

Comment l’organisation du Bab el Raid a-t-elle accueilli la candidature de Fouras ?

Clémentine Faudrin : En tant que cheffe de projet du Bab el Raid, quelques équipages de Charente-Maritime m’avaient contactée quand ils ont su que c’était fini à La Rochelle, notre partenaire historique (le chef de projet de l’époque sortait de l’école Excelia La Rochelle, NDLR). Danielle m’a contactée au moment où j’étais en pleine réflexion. On a hésité à ramener l’événement chez nous, du côté de Villeneuve-lès-Avignon, c’était plus simple en termes de logistique. 


« On est coupés du monde, on fait des rencontres. Il n’y a plus la barrière de l’âge ou de la profession. On vit tous la même chose et ça rapproche »

Romane et Magalie, pourquoi avoir décidé de participer au Bab el Raid ?

Romane Ardouin : Je connaissais le raid de nom. Et comme je suis en charge de l’événementiel pour la Ville de Fouras, je me suis dit que ce serait marrant qu’il y ait un équipage de la mairie pour suivre le raid de l’intérieur. L’idée, c’était aussi de trouver des sponsors uniquement fourasins, que les habitants se sentent investis et qu’on les emmène avec nous à travers les réseaux, surtout ceux qui n’ont pas l’opportunité de voyager. Donc, sur un coup de tête, lors d’un déjeuner professionnel, j’ai lancé l’idée !

Magalie Cacheux : C’est une élue, Annick Michaud, qui a pensé à moi car j’étais déjà partie au Maroc avec des ados au même endroit en avril 2023.

Romane Ardouin : On me dit alors : « On a trouvé ta binôme. » C’était intéressant que ce soit quelqu’un d’un autre service.

Et là, vous commencez à vous renseigner…

Romane Ardouin : Il y a eu des moments où j’ai paniqué ! Disons que je suis une très mauvaise conductrice (rires) ! Je suis tête en l’air, je suis nulle en orientation… Mais je savais que j’allais adorer le côté aventure.

Magalie Cacheux : Moi, je ne connaissais pas du tout. J’ai regardé sur Internet le soir en rentrant chez moi. Mais c’était trop tard, j’avais dit oui… J’ai commencé à me demander si on allait réussir à revenir, comment on allait rouler dans le sable… J’avais plus peur pour la partie orientation. Finalement, on s’est presque jamais perdues.

Et sur place alors, comment ça s’est passé ?

Romane Ardouin : On a bien rigolé, on ne s’est pas fâchées. 

Magalie Cacheux : Même quand on s’est perdues (rires). C’était le binôme parfait, on s’est mises d’accord sur l’organisation. Moi je conduisais.

Romane Ardouin : Chacune a trouvé sa place. Tous les matins, je lisais le roadbook et je faisais mes calculs de trajets, de la vitesse à laquelle on devait rouler. Il faut se rendre dans chaque check-point sinon on perd des points. C’est une course de régularité, pas de vitesse. Les pénalités, c’est un point par minute en avance ou en retard. Au début, on se dit : l’objectif, c’est d’arriver et de revenir avec la voiture. Et puis, finalement, on se prend au jeu. On est arrivées 49e sur 120 au classement général !

Vous avez rencontré des difficultés pendant l’aventure ?

Magalie Cacheux : Il y a eu des endroits où il y avait beaucoup de sable. On ne s’est enlisées qu’une seule fois mais ça nous a coûté cher, on est redescendues dans le classement. J’ai écouté tous les conseils mais, cette fois-ci, je suis partie trop vite.

Pas de problèmes mécaniques ?

Romane Ardouin : On a juste cassé un essuie-glace ! 

Magalie Cacheux : Et crevé un pneu ! Cela inquiétait Romane d’ailleurs car tout le monde avait la tête sous le capot de leur voiture chaque soir (sourires). Avant chaque raid, on encourageait la nôtre : « Allez, ma belle ! ».

Romane Ardouin : En fait, les problèmes, on les a eus avant de partir. Une semaine avant le départ, la Renault 4L qu’on devait louer et préparer (pose de plaque en dessous pour la protéger du sable et réhaussement) est tombée en panne. C’est le gros coup de stress. Le maire a trouvé une solution le lundi de la semaine du départ en nous prêtant un véhicule des services techniques de la Ville, un Peugeot Partner, sous lequel un artisan de Fouras a juste eu le temps de coller rapidement une plaque. On était un peu déçues au départ, même si c’était une voiture plus puissante. C’était sympa de partir en 4L. Mais bon, entre Fouras et Algésiras (sud de l’Espagne), on était les seules à avoir la clim’ à 130 km/h (rires) ! 

Et entre les participants, comment était l’ambiance ?

Romane Ardouin : Il y a eu beaucoup de solidarité, pas de compétition. On est coupés du monde, on fait des rencontres. Il n’y a plus la barrière de l’âge ou de la profession. On vit tous la même chose et ça rapproche.

Magalie Cacheux : Ne donne pas envie aux lecteurs ; après, il va y avoir trop de monde qui va vouloir le faire (rires) (il y a 130 places maximum, NDLR) !

Romane Ardouin : On a adoré, on veut repartir !

Magalie Cacheux : Je n’arrive pas à enlever le bracelet en tissu donné par l’organisation. Je revis l’aventure tous les jours en le regardant. On a partagé des choses incroyables…

Au-delà de la dimension sportive, vous en avez profité pour faire des dons à des associations locales.

Romane Ardouin : Ce n’était pas du tourisme. Il y a eu un véritable élan de solidarité. Les parents des enfants du centre de loisirs Les P’tits Marsouins, l’association fourasine La Touline, l’hôpital de Rochefort, la pharmacie des 3 îles de Fouras… Cela a été un vrai projet collectif, tout le monde a participé.

Clémentine Faudrin : On leur avait donné une liste établie avec l’association Cœur de gazelles sur les besoins afin que les dons soient pertinents (matériel médical, vêtements, jeux pour enfants, fauteuils roulants…)

Le retour au quotidien samedi 24 février 2024 a dû être dur, et la reprise du travail le lundi qui a suivi, aussi…

Romane Ardouin : Le dimanche, il y avait des messages qui tombaient sans arrêt sur le groupe WhatsApp des participants. Cela a duré jusqu’au mercredi.

Magalie Cacheux : On a beaucoup échangé avec ceux avec qui on a tissé des liens. Car on n’arrive pas vraiment à expliquer notre ressenti aux personnes extérieures.

Romane Ardouin : Je ne pensais pas que ça allait autant me plaire. Mes collègues n’en peuvent plus que je leur raconte 30 fois la même histoire (rires) !

La 9e édition aura lieu du 1er au 12 février 2025.

www.babelraid.com

CRÉDITS :

Interview @JDelrieux

Crédit photo : @Lambert Davis et @babelraid