À la poursuite de la chouette d’or
Depuis 1993, des milliers d’hommes et de femmes tentent sans relâche de résoudre les énigmes d’un homme qui a enterré un petit oiseau en bronze d’une trentaine de centimètres avant d’emporter son secret dans la tombe. Trente ans plus tard, alors qu’un documentaire CANAL+ (La Chouette d’or) raconte la folle épopée de cette chasse au trésor, sa productrice, Johanne Bertin, installée à Bordeaux, conte les coulisses d’un trésor qui vient tout juste d’être découvert.
Comment êtes-vous tombée pour la première fois sur cette histoire ?
Johanne Bertin : La première étape de mon métier de productrice indépendante est de rencontrer, très régulièrement, des auteurs/autrices ou des réalisateurs/réalisatrices qui viennent me proposer des sujets documentaires. Il y a un peu plus de deux ans, j’ai donc pu rencontrer une jeune réalisatrice qui m’a alors proposé trois idées de films documentaires. Parmi celles-ci, l’histoire de la Chouette d’or est celle qui m’a le plus interpellée. De là, a démarré une pré-enquête pour vérifier les faits et un travail d’investigation de la part de la réalisatrice pour parvenir à « intégrer » les Chouetteurs de l’intérieur.
Qu’est-ce qui vous a tout de suite plu dans cette histoire ? Son côté « carte au trésor » ?
Johanne Bertin : J’ai tout de suite été fascinée par l’engouement que cette chasse avait généré (beaucoup de retombées presse, de podcasts … sur le sujet) et par l’intrigante durée de cette dernière.
Aujourd’hui, que savons-nous réellement de Max Valentin, l’homme qui a publié « À la recherche de la Chouette d’or » en 1993 ?
Johanne Bertin : Max Valentin restera une énigme pour beaucoup d’entre nous, bien que le mythe se soit un peu effondré suite à son décès et à la découverte de sa véritable identité… Au-delà de sa passion pour la chasse au trésor et son appât du gain, on sait désormais qu’il s’appelait Régis Hauser, qu’il était marketeur, qu’il vivait en Moselle et qu’il était père de famille, avec deux filles… Quand on y pense, c’était presque monsieur « tout le monde ».
« Grâce aux archives et aux récents rebondissements, le documentaire s’apparente presque à un thriller sans meurtres »
Vous l’avez dit, la Chouette d’or a été pas mal documentée dans la presse écrite ces dernières années. Sachant cela, qu’apporte le format documentaire ?
Johanne Bertin : La presse a beaucoup relayé la fabuleuse histoire de la Chouette d’Or, notamment en avril 2023 lorsque la chasse a célébré ses trente ans d’existence, et en a fait la chasse la plus longue au monde jamais connue. Un documentaire nous paraissait malgré tout évident afin de retracer ces trois décennies, pleines de rebondissements, et dont les rênes du jeu ont été récemment reprises par le co-fondateur de la Chasse, Michel Becker (créateur de l’objet tant convoité et des tableaux), souvent décrié par la Communauté des Chouetteurs… Grâce aux archives et aux récents rebondissements, le documentaire s’apparente presque à un thriller sans meurtres. Je suis persuadée qu’il risque d’éveiller de nouveaux Chouetteurs à sa cause (sourire).
À propos des Chouetteurs, comment êtes-vous parvenue à entrer en contact avec eux ? Par casting ?
Johanne Bertin : En documentaire, nous n’organisons pas de casting, mais des enquêtes afin d’identifier et d’échanger avec les personnages qui vont participer à notre histoire, en nous racontant la leur. C’est ce qui rend le film si puissant, tout y est vrai et rien n’est scénarisé. Par ailleurs, nous avons eu la chance de participer à deux évènements qui ont regroupé les Chouetteurs en 2023, notamment lors de la fête des 30 ans de la Chouette à
Rochefort et de l’inauguration du Musée de la Chouette d’Or.
À titre personnel, comment expliquez-vous l’enthousiasme autour de cette chasse, toujours aussi prégnant malgré une histoire vieille de trois décennies ?
Johanne Bertin : « La quête du graal » explique cet engouement qui n’en finit pas. Il y a tellement d’engouement autour de cette quête que les « pros » chouetteurs déclarent même que s’ils devaient trouver le trésor un jour, ils le ré-enterreraient…. Cette passion du jeu, de la recherche, des enquêtes réunit tout de même plus de 200 000 Chouetteurs à l’heure actuelle, et je crois bien que notre documentaire va ouvrir la porte à de nouveaux amateurs de chasse au trésor …
Le 3 octobre, quelques semaines après cette interview, nous apprendrons la découverte de la Chouette d’or mettant fin à 31 ans de quête. Le documentaire a-t-il participé à la résolution de cette chasse ?…
CRÉDITS :
Interview @max.delk
Photos : DR
À la poursuite de la Chouette d’or – disponible @Canal+